jeudi 7 janvier 2016

American Sniper

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"Yeah, but you see, they can't wait and we can."

Les Etasuniens ont toujours été prompts à élever au rang de héros des individus ayant assumé, avec correction et un semblant d'éclat, leurs fonction et responsabilités. Une conduite ne justifiant, en général dans les autres cultures, qu'une appuyée reconnaissance. Cette adaptation de l'ouvrage autobiographique* signé (avec Scott McEwen et Jim DeFelice) en 2013 par Chris Kyle en fournit un nouvel exemple. Le Texan, premier-maître de l'U.S. Navy SEAL décédé la même année, y racontait ses quatre déploiements en Irak (1999-2009) ainsi que la difficulté rencontrée à tenir parallèlement, à cette époque puis après sa démobilisation, ses rôles d'époux et père de famille.
Le (troisième depuis 2009) scénario écrit par Jason Hall passe donc incessamment du soutien apporté par le sniper aux troupes US lors d'opérations de sécurisation du terrain à la rencontre avec sa future épouse Taya puis la naissance de leurs deux enfants. Un certain nombre d'inventions dramatiques ont été ajoutées au récit (parmi lesquelles la scène du repas chez une famille irakienne où une cache d'armes est découverte, l'antagoniste tireur olympique syrien, l'usage immodéré du téléphone satellitaire fait par Kyle pendant des attaques ou encore les motifs de sa démobilisation). La structure narrative, le caractère répétitif des situations constituent d'ailleurs l'un des handicaps majeurs d'American Sniper. Arrivé tardivement sur le projet**,  paraît également (depuis Changeling) moins inspiré qu'il ne l'a été. L'efficacité de la réalisation n'est en effet qu'apparente ; elle dissimule, en réalité, assez mal, voire souligne même parfois les diverses faiblesses du script.
Le couple tête d'affiche ne convainc pas davantage. Co-producteur,  campe un personnage monolithique et, somme toute, sans grand intérêt. Bodybuildé mais moins fringant que dans les comédies qui l'emploient habituellement, l'acteur a pourtant obtenu une troisième nomination (la seconde dans un rôle principal) consécutive aux Academy Awards, comme la plupart des seconds rôles, ne dispose à vrai dire pas suffisamment de champ pour tenter d'exister un tant soit peu. Le film, présenté en première à l'AFI Fest, a néanmoins connu un réel succès commercial (350M$ de recettes US pour environ 60M$ de budget, plus de 3 millions d'entrées en France).
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*"American Sniper: The Autobiography of the Most Lethal Sniper in U.S. Military History."
**les droits d'adaptation ont été acquis par la Warner en mai 2012. David O. Russell a, quelques mois plus tard, exprimé son souhait de la réaliser ; Steven Spielberg est, un an après, annoncé à la direction, finalement remplacé par , également producteur aux côtés de son récurrent associé Robert Lorenz, d'Andrew Lazar et de Peter Morgan.



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