mercredi 11 novembre 2015

U-571

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"... And the skipper always knows what to do, whether he does or not."

Suite de mon exploration des productions sous-marinières avec ce troisième film pour le cinéma de . Le récit inventé par le cinéaste étasunien (le scénario est co-écrit par Sam Montgomery, déjà à ses côtés pour Breakdown, et par David Ayer*) mêle astucieusement situation historique** et problématique individuelle et collective. Il s'inscrit également dans un sillage narratif tracé par le germanique Das Boot (voir article). S'il ne possède ni la rudesse formelle ni l'intensité dramatique de ce dernier, U-571 ne manque cependant pas d'arguments susceptibles d'attirer un public assez large. Les amateurs de scénarii solides y trouveront en effet leur compte au moins autant que ceux de films d'action militaire et de casting choisi.
Printemps 1942. Juste après avoir torpillé un navire de ravitaillement dans l'Atlantique, un Unterseeboot subit de graves avaries techniques occasionnées par le grenadage d'un cuirassier ennemi. Le sous-marin S-33 de l'US Navy, commandé par Mike Dahlgren et son second Andrew Tyler, prend aussitôt la mer afin d'atteindre l'U-571 avant le ravitailleur nazi dépêché sur place. Un agent des services secrets ainsi qu'un officier germanophone participent à la mission. Objectif : monter à bord du submersible ennemi en dupant son équipage grâce au déguisement du sous-marin et de l'équipe envoyée vers lui, neutraliser ses membres, s'emparer d'une machine Enigma et des codes associés puis couler l'U-571. Le traquenard ne fonctionne qu'en partie, une fusillade éclate et les marins allemands tentent sans succès de se réfugier à l'intérieur de l'U-Boot. Au cours du transfert des prisonniers dans le S-33, une torpille lancée par le ravitailleur arrivé sur site le fait sombrer. Les quelques survivants, dont Tyler et le premier maître Henry Klough, sont contraints d'essayer de s'échapper à bord du U-571.
Le sérieux du travail de documentation accompli par , son souci de réalisme constituent des atouts essentiels et indiscutables. Il exploite aussi plutôt bien les classiques accidents et autres péripéties (grenadages, défaillances techniques, profondeurs extrêmes, sens du sacrifice de certains membres d'équipage...) de ce type de récits auxquels il agrège la mise à l'épreuve, dans un contexte de sauvetage difficile, d'un officier en second dont le supérieur contestait la capacité à commander. Le scénario propose en outre une appréciable diversité de situations, souvent à rebondissement. Dans l'ensemble plutôt sobre et convaincant, le casting emmené par  (son personnage disparaît toutefois au cours du premier tiers du métrage) avec notamment le chanteur-compositeur passé acteur  ou encore le natif est-allemand (et ex-nageur de championnat !)  au rôle néanmoins un peu étriqué conforte l'impression favorable laissée par ce second film, après Breakdown, de  produit par Dino De Laurentiis et sa seconde épouse Martha (en association cette fois avec Universal)U-571 a, du reste, connu un joli succès commercial lors de sa sortie (près de 128M$ de recettes, dont un peu plus de 77M$ aux Etats-Unis, pour un budget d'environ 62M$).

N.B. : le véritable U-571 a été coulé, en janvier 1944 à l'Ouest de l'Irlande, par un bombardier de l'aviation australienne. Le vrai S-33 était positionné dans l'Océan Pacifique de juin 1942 à la fin de la Seconde Guerre puis vendu à un ferrailleur en 1946.
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*première contribution du futur scénariste de Training Day, passé à la réalisation en 2005.
**les britanniques (le premier ministre Tony Blair est même monté au créneau !) ont vu U-571 comme une tentative étasunienne de s'approprier le mérite de la prise de la première machine Enigma (un modèle M3067) effectuée en mai 1941 à bord de l'U-110 grâce aux équipages des navires HMS Aubrietia, HMS Bulldog et HMS Broadway. Un texte rappelant les faits a d'ailleurs été ajouté pour cette raison avant le générique de fin.








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