vendredi 2 octobre 2015

Interstellar

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"... Once you're a parent, you're the ghost of your children's future."

Tiendrions-nous1, avec Interstellar, le 2001: A Space Odyssey du nouveau siècle (question posée par un ardent  ne portant pas en haute estime les huit précédent longs métrages de ) ? En presque cinquante ans, les aspirations, préoccupations et expressions des travers de l'humanité ont évidemment bien changé. Le cosmos était à cette époque le motif d'une énigmatique (métaphysique) introspection ; l'exploration galactique constitue aujourd'hui le champs d'un possible sauvetage de l'espèce. Les deux films partagent néanmoins quelques points communs (un mysticisme schématique, le caractère subjectif du temps) tout en divergeant au moins sur un élément (celui de la subordination de la machine à l'homme). Projet initié en 20062 repris six ans plus tard par le cinéaste britannique, Interstellar est une œuvre ambitieuse, légèrement hermétique, fondée sur des concepts développés par le professeur de physique théorique Kip Thorne.
Le scénario écrit par  avec son frère aîné3 s'implante astucieusement dans un futur proche et une double réalité initiale : l'échec d'une mission spatiale vécu par Coop(er), le personnage central, reconverti en agriculteur, l'inexorable raréfaction des cultures céréalières et légumineuses liée à la sécheresse4 et aux affections parasitaires qui condamne à terme la vie sur Terre. Grâce à des informations codées transmises mystérieusement, Coop et sa fille cadette Murph(y) découvrent des installations secrètes de la NASA. Le professeur John Brand, qui en dirige les travaux, a envoyé dans l'espace douze astronautes, chacun chargé de valider ou non l'hypothétique viabilité de planètes situées hors de la galaxie à travers un persistant wormhole situé à proximité de Saturne. Avec pour objectif d'y déplacer la population terrestre ou d'y créer une colonie à partir d'ovules humains fécondés et congelés. Malgré l'opposition puis la vive rancœur de Murph, Coop accepte de piloter le vaisseau 'Endurance' vers les trois planètes d'où des signaux sont encore émis.
Sans vouloir me montrer cynique, la grande chance du film réside sans doute dans l'assise scientifique de ses extrapolations astrophysiques, empêchant ainsi  de se l'approprier trop largement. Une opinion sans doute confortée par les propos du cinéaste, lequel soulignait la très grande différence existant entre Interstellar et ses réalisations antérieures. Malgré sa longueur et sa relative complexité, le récit, aux intonations parfois , demeure cohérent et ne comporte pas de sérieuses faiblesses. Même sans la spectacularité de l'IMAX, on ne s'ennuie pas un instant devant les près de trois heures du métrage, de la percutante poursuite du drone indien à la surprenante résolution "tesseractée" de l'équation narrative. Les épisodes d'émotion, de tension dramatique et d'action sont plutôt pertinemment articulés. On apprécie tout particulièrement l'interprétation éloquente de , bien entouré par , la jeune  mais aussi  et . Soulignons l'intéressante partition composée par Hans Zimmer et la qualité de la photographie, en milieux très divers, du Suisse Hoyte Van Hoytema (Tinker Tailor Soldier SpyHer), remplaçant de l'habituel Wally Pfister occupé à réaliser son premier film.

N.B. : étrangement, Interstellar n'a obtenu que l'"Oscar" 2015 pour ses effets visuels (sur cinq nominations dans des catégories secondaires) ; Gravity en avait reçu sept l'année dernière.
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1. forme interrogative afin de ne pas préjuger des possibles alternatives apportées par le cinéma au cours des quatre-vingt cinq prochaines années.
2. par Steven Spielberg, motivé par son amicale proximité avec Kip Thorne et la productrice Lynda Obst passionnée d'astronomie. Le cinéaste avait confié l'écriture du scénario à Jonathan Nolan lequel, une fois Spielberg parti vers d'autres horizons filmiques (Kingdom of the Crystal Skull ?) proposa à son frère de reprendre la main.
3. leur cinquième collaboration depuis Memento.
4. en référence à celle des années 1930. Le montage intègre d'ailleurs des extraits du documentaire télévisé en deux parties The Dust Bowl (2012) de Dayton Duncan et Ken Burns.



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