CinéMovies: Hannibal

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"... His mutilations hide the true nature of his crimes."

La production de prequels fondées sur des personnages de psychopathes célébrés au cinéma serait-elle devenue une tendance télévisuelle ? Moins d'un moins après le début de la diffusion de Bates Motels sur le réseau A&E était en effet lancée, en avril 2013, par NBC cette série criminelle écrite par Bryan Fuller (Dead Like Me, Pushing Daisies), promue par Katie O'Connell, Martha De Laurentiis (seconde épouse du défunt Dino) et David Slade (réalisateur de cinq épisodes dont le premier). L'idée du scénariste avait, sur le principe, d'alléchants attraits : aborder la rencontre et développer la relation entretenue par le Dr. Hannibal Lecter avec Will Graham, profileur employé par le FBI, avant leur collaboration (une fois le psychiatre reconnu coupable de meurtres en série et interné) sur laquelle repose le roman "Red Dragon"¹ publié en 1981 par l'ancien journaliste Thomas Harris.

Doté de la faculté de pouvoir, à rebours sur la scène de crime, reconstituer sur le plan mental et émotionnel le meurtre dans la position du tueur, Graham occupe une place centrale dans Hannibal. Solitaire, instable, souffrant d'une encéphalite diagnostiquée mais gardée sciemment secrète par Lecter, le criminologue professeur d'école de police, confronté de façon régulière à des meurtres particulièrement impressionnants, craint sa propre démence. Sujet au cauchemar et au somnambulisme, mais aussi à de répétitives absences actives et visions (notamment celle symbolique d'un cerf), Graham doit également composer avec un sentiment ambivalent (héroïsme/culpabilité) après avoir abattu Garret Jacob Hobbs, sauvant ainsi Abigail, la fille de ce meurtrier en série. La situation critique traversée l'incite à suivre la recommandation de Jack Crawford, chef de division au sein du FBI à Baltimore, et de consulter Lecter, lequel avait donné son approbation pour qu'il intervienne sur le terrain malgré le défaut de statut d'agent spécial. L'ancien médecin urgentiste, convivial amphitryon et gastronome carnassier à ses heures, va se servir de cette accompagnement pour perturber davantage son officieux patient, le compromettre et, finalement, lui faire endosser ses propres crimes.

La crainte initiale d'une sur-exploitation du gimmick (recréation effective de meurtres introduite par un balancier lumineux), qui confère à Will Graham sa spécificité, ne se confirme heureusement pas. En revanche, si Hannibal parvient à déployer un ton, des ambiances et une tension singuliers, une certaine confusion narrative finit par brouiller, dès la seconde moitié de la saison initiale, la bonne lisibilité du scénario. La faiblesse relative de certains personnages secondaires (la psychologue Alana Bloom tenue par Caroline Dhavernas, la complice-victime Abigail Hobbs, la webjournaliste Freddie Lounds...) constitue un autre persistant handicap a priori aisément soluble. Quelques trouvailles conceptuelles et visuelles ainsi que la prestation du Danois Mads Mikkelsen², de l'Anglais Hugh Dancy³ (remarqué auparavant, aux côtés d'Helen Mirren, dans la mini-série Elizabeth I), de Laurence Fishburne et celle, épisodique, de Gillian Anderson (dans un rôle réécrit pour elle) contrarient, en partie seulement, l'opinion un peu mitigée suscitée par cette série. La baisse constante de l'audience a poussé le diffuseur à cesser la production avant même le terme, en août dernier, de la troisième saison sensiblement différente des précédentes. Le trio Fuller-De Laurentiis-Dancy espère encore qu'une suite⁴(quatrième saison profondément remaniée ou long métrage) pourra lui être apportée.

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1. adapté à deux reprises au cinéma, la première fois (Manhunter) en 1986 par Michael Mann avec Brian Cox et William Petersen dans les rôles principaux, la seconde (Red Dragon) en 2002 par Brett Ratner à partir d'un scénario de Ted Tally, avec Anthony Hopkins et Edward Norton.
2. auditionné pour le rôle d'Hannibal Lecteur, l'Ecossais David Tennant a suffisamment impressionné Bryan Fuller pour que celui-ci ait eu très envie de lui confier un personnage de serial killer dans la série.
3. préféré à Lee Pace (Ned dans Pushing Daisies).
4. dans laquelle pourrait apparaître Clarice Starling (les discussions avec la MGM, détentrice des droits de "The Silence of the Lambs", ont jusque-là toujours achoppé) ? Fuller verrait bien Ellen Page ou une actrice non-blanche succéder à Jodie Foster et Julianne Moore.