Untel père et fils

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"Dans la durée normale d'une existence humaine, trois fois la France a du prendre les armes."

Lorsqu'il quitte la France occupée pour rejoindre, via le Portugal, les Etats-Unis, Julien Duvivier fait le nécessaire pour que les épreuves d'Untel père et fils lui soit envoyées. Tourné pendant la "drôle de guerre" dans les studios niçois de la Victorine, il se voit complété à Hollywood par quelques prises additionnelles et sort à New York en avril 1943 (sous le titre "The Heart of a Nation"). Drame pacifiste plus que film de propagande contre l'éternel ennemi allemand, son exploitation tardive (octobre 1945) à Paris souligne néanmoins son incidente désuétude et il passe alors quasiment inaperçu. Ecrit par Duvivier, Marcel Achard et Charles Spaak*, le scénario tient la chronique, du 18 janvier 1871 à 1939, des descendants du paysan Pierre Froment, tué au combat pendant le siège de Paris par l'armée prussienne. Orphelins après la guerre, les deux fils Félix et Bernard sont élevés par Estelle, leur sœur aînée. En 1889, Bernard épouse Gabrielle ; amoureux de celle-ci, Félix quitte la France pour les colonies huit jours après les noces. Le 14 juillet 1990, Gabrielle donne naissance à des jumeaux, Marie et Alain voué dès le berceau à devenir médecin.

Simplement plaisant, Untel père et fils ne présente en effet qu'un intérêt modéré. Le manque de continuité dramatique le pénalise également. Les rares élans patriotiques qu'il contient n'auraient en outre qu'assez peu contribué à "l'effort de guerre" s'il avait pu être diffusé en son temps. Le constat de la répétée absurdité guerrière (trois guerres en moins de soixante-dix ans et quatre générations) ne possède désormais qu'une signification historique. L'interprétation des principaux acteurs (Suzy Prim, Lucien Nat, Raimu, Renée Devillers...) n'est pas non plus très convaincante, et l'on regrette le relatif effacement des personnages tenus par Louis Jouvet et Michèle Morgan. A réserver donc en priorité aux inconditionnels de Duvivier ou aux cinéphiles curieux.
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*pendant la rédaction du script, Spaak pensait à Jean Gabin, Françoise Rosay et Pierre Blanchar pour les rôles de l'oncle Jules (Raimu), Estelle (Suzy Prim) et Félix (Louis Jouvet).