lundi 31 août 2015

Metro Manila

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"Vous avez déjà entendu parler d'Alfred Santos ?"

Etonnante trajectoire que celle suivie par le Britannique . Après l'insolite Cashback (voir article) et le moins réussi The Brøken, ce troisième long métrage imaginé, produit avec Mathilde Charpentier et réalisé par  nous emmène en effet à l'autre bout du monde. Tourné aux Philippines en tagalog avec des acteurs locaux, Metro Manila constitue sans doute l'un des plus surprenants, saisissants thrillers indépendants sur la pauvreté urbaine et la corruption. Ecrit avec le cinéaste natif des Iles Caïman , le scénario choisit d'envisager ces thématiques, à la différence de la plupart des habituels films criminels, sous l'angle judicieux de la famille.
Parce que le prix reçu pour sa récolte rend impossible l'achat des semences de la prochaine, Oscar Ramirez persuade sa compagne Mai de quitter les rizières de Banaue pour aller trouver du travail à Manille. Avec leurs deux jeunes enfants, ils prennent place à bord d'un véhicule de transport de marchandises à destination de la capitale. Arnaquée au logement dès leur arrivée, la famille s'installe dans une bicoque laissée vacante du bidonville de Tondo. Grâce à son tatouage de la 9e (Speardivision d'infanterie, Oscar obtient la recommandation de son futur supérieur et coéquipier Ong pour un emploi de convoyeur de fonds au sein d'une entreprise de sécurité. De son côté, Mai accepte à contrecœur une place d'entraîneuse dans un bar pour touristes étrangers.
Metro Manila noue puis tend de façon progressive une situation quasi inextricable que seul un acte délictueux commis par un individu désespéré serait en mesure de résoudre partiellement.  souligne volontiers le contraste entre les paisibles rizières en plateau du centre des Philippines (où règne néanmoins la loi du plus fort) et la sonore, grouillante, dangereuse mégapole (qui lui donne son titre), mais aussi celui qui oppose l'opulence et le complet dénuement au cœur même de la ville. La narration ancre d'emblée, de manière d'abord allusive, son intéressante et inexorable fatalité dans un précédent dramatique provoqué par la violence et l'injustice, maux encore courants dans la république philippine post-dictatoriale. Le choix pertinent des acteurs (,  et  tiennent les rôles principaux), les qualités dynamiques et visuelles de la réalisation contribuent bien sûr également à l'appréciation positive du film auprès des cinéphiles. Présenté en première et compétition lors du 29e Sundance Film Festival (récompensé par le "Prix du public" World Dramatic)Metro Manila a été officiellement choisi pour représenter le Royaume-Uni au moment de la sélection initiale des productions en langue étrangère opérée pour les 89e Academy Awards.

N.B. : un premier remake du film, l'indien City Lights, est sorti en 2014 ; un second est prévu sans date définie d'exploitation.




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