vendredi 3 avril 2015

Garden of Evil (le jardin du diable)

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"She's tryin' to prove that one of us is a hero or a fool or both."

Sans doute le plus inclassable des westerns (sur la vingtaine à partir de 1932) réalisés par Garden of Evil mériterait même le qualificatif d'abstractif. L'histoire imaginée par  et William Tunberg* pourrait en effet, en première lecture, se résumer à la mise en péril de quatre individus engagés pour porter secours à un inconnu dont la survivance n'est, a priori, que probable. En réalité, cette aventure en trois actes va surtout servir à révéler la véritable nature de chacun d'entre eux et de leurs relations interpersonnelles.
Contraints à une escale forcée dans une petite localité mexicaine en raison d'une avarie moteur du bateau les emmenant en Californie, Hooker, Fiske et Luke Daly acceptent d'accompagner, contre une forte somme, Leah Fuller dont l'époux est coincé par l'éboulement d'une mine. Pour atteindre le site très éloigné de l'accident, les trois hommes auxquels s'est joint Vicente, un autochtone, traversent divers paysages inhabités. La femme s'oriente grâce à une carte dissimulée, prenant soin de supprimer les successifs repères discrètement agencés par le Mexicain. Arrivé à destination, proche d'un village enfoui sous la lave d'un volcan, le groupe parvient à dégager John et à lui procurer les premiers soins. Il découvre également la présence alentour d'indiens hostiles.
Sauvetage et sacrifice sont au cœur du scénario de ** dans lequel s'opposent aussi humanité (réelle ou motivée par le gain ?) et sauvagerie. Il est d'abord curieux de constater le fort contraste existant entre ce mouvant Garden of Evil et le quasi huis clos Rawhide, précédent western d'. Il faut ensuite souligner l'importance décisive de décors (photographiés par Milton R. Krasner et Jorge Stahl Jr.) où la civilisation paraît incapable de s'implanter. Le parcours suivi à deux reprises par les protagonistes se révèle plus allégorique, sorte de "traversée morale", que réaliste comme semble d'ailleurs subjectivement l'attester la nette différence de durée des trajets aller et retour. Réunis pour cette unique occasion par Charles Brackett (collaborateur régulier de Billy Wilder et producteur du film pour la Fox),  et  contribuent à l'intérêt préalable sans pour autant trouver matière à le confirmer.  (partenaire du premier dans le très masculin Beau Geste) et  ne se montrent pas plus convaincants. La bande originale est enfin la seule signée par Bernard Herrmann pour un western.
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*la deuxième (entre War Paint et Massacre) du duo de New-yorkais, surtout actifs à la télévision.
**l'écrivain natif de Liverpool a notamment été le co-adaptateur de Station West.




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