vendredi 20 mars 2015

Call Northside 777 (appelez nord 777)

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"... Maybe you're looking at them from the wrong angle."

Au cours de la seconde moitié des 40's,  conclut avec Call Northside 777 une série de quatre polars1, assez dissemblables mais tous réussis. Un genre déjà abordé à deux reprises par le réalisateur au cours de la décennie précédente, d'abord pour la Paramount puis lors de son arrivée à la Fox. Le scénario signé à quatre mains2 s'inspire d'une affaire authentique, sujet des articles publiés dans le "Chicago Time" par le reporter James P. McGuire et son rédacteur Jack McPhaul (non crédité). Etonnant récit d'une enquête ayant permis la disculpation, onze ans après la sentence, d'un individu condamné sur la base d'un unique témoignage à quatre-vingt-dix-neuf ans de réclusion pour le meurtre d'un policier en 1932. Eloge explicite du journalisme d'investigation éclairé, du système judiciaire et de la démocratie étasuniens3.
Premier long métrage produit par Otto Lang (ancien moniteur de ski natif d'Austro-Hongrie devenu réalisateur), Call Northside 777 est traité sur le mode du drame documentaire (images d'archives, lieux des événements, narration en voix off...), une tendance opportune et en vogue à cette époque (voir notamment les deux très bons polars dirigés en 1947-48 par  pour Edward Small). La modernité technologique y occupe également une place importante. D'abord parce que le film met en scène, pour la première fois au cinéma, un détecteur de mensonge (ou polygraphe co-inventé par Leonarde Keeler) et un bélinographe (version primitive du télécopieur). Ensuite en raison des progrès réalisés dans le domaine des équipements de tournage (réduction du poids des caméras, augmentation de la sensibilité des pellicules, matériel de prise de son plus efficace). Amélioration conjuguée néanmoins infléchie par le résolu classicisme d', réputé pour son efficace directivité plus que par ses dispositions innovatrices.
L'aristocrate d'ascendance belge (ancien accessoiriste et assistant-réalisateur, notamment de Victor Fleming) dirigeait pour cette unique occasion4 l'excellent 5 (vedette, un peu plus tard la même année, du remarquable huis clos  Rope). L'acteur parvient, avec une subtile aisance, à interpréter un personnage au départ d'une froide rationalité, presque antipathique, peu à peu gagné par la justesse de son tardif et complexe plaidoyer. En retrait, , à contremploi, et 6 le soutiennent solidement au sein d'un casting où quatre femmes (jouées par  ainsi que la native Polonaise  et la Néerlandaise  dans leur tout premier rôle) occupent une place discrète mais déterminante.
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1. The House on 92nd StreetThe Dark Corner et Kiss of Death.
2. celles de  (Wing and a Prayer),  (co-adaptateur de Laura), Leonard Hoffman et Quentin Reynolds.
3. comme l'atteste la réplique finale :  "Look, Frank, it's a big thing when a sovereign state admits an error. But remember this: there aren't many governments in the world that would do it."

4. si l'on excepte le western collectif .
5. la production devait initialement être réalisée par Louis King avec Henry Fonda et Lloyd Nolan dans les rôles principaux.
6. à nouveau associés dans Thieves' Highway (1949) et The Fighter (1952).






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