jeudi 1 janvier 2015

Prince of the City (le prince de new york)

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"Once a cop, always a cop. Don't you think that's funny?"

Avec Prince of the City trouve une deuxième occasion de développer l'un des thèmes-clefs de sa carrière : l'instruction judiciaire de la corruption policière. Comme Serpico, sorti huit ans plus tôt, ce drame criminel est une adaptation d'un ouvrage biographique1, cette fois signé par l'ancien commissaire adjoint du NYPD Robert Daley. Les deux policiers new-yorkais d'origine italienne, l'agent Francesco Vincent Serpico et l'inspecteur des Narcotics Robert Leuci se sont d'ailleurs connus dans le cadre des investigations de la "Commission Knapp" nommée en avril 1970 par le maire John Lindsay sur la base des informations fournies par le premier. Acquéreur des droits du livre, Orion avait alors confié son adaptation à Brian De Palma2, associé à David Rabe pour l'écriture du scénario. Au terme d'une période d'un peu plus d'un an, le duo est remplacé par  et Jay Presson Allen3. Le cinéaste a l'intime conviction que cette nouvelle réalisation se montrera plus fidèle à la réalité de la police que ne l'avait été la précédente. Il fixe deux conditions à son engagement : donner le rôle principal à un acteur peu connu et réaliser un métrage d'au moins trois heures4.
De fait, Prince of the City était et reste le plus ambitieux et abouti de ses quatre films sur le sujet. Trois éléments narratifs le différencient profondément de Serpico. Leuci (nommé ici Daniel Ciello) constituait une "pièce" décisive, de surcroit charismatique, de l'unité d'élite chargée, au sein de la Brigade des Stupéfiants, de neutraliser les gros trafiquants. Contrairement à Serpico, initiateur de l'enquête, Leuci répondait favorablement à la sollicitation d'un procureur fédéral. Une presque absolue solitude caractérisait enfin le premier ; le second définissait lui comme limite préalable et infranchissable à sa participation la protection (obsessionnelle) de ses coéquipiers ("I will not rat my partners") met formidablement bien en évidence, prenant le temps nécessaire pour cela, la complexe imbrication des diverses, contradictoires, parfois antagonistes relations entretenues par les inspecteurs avec les acteurs de la pègre. Par les représentants de l'institution judiciaire avec la police... mais aussi entre eux.
Son intuition concernant le choix de l'interprète central s'est avérée judicieuse. Entouré d'un casting solide quoique sans "têtes d'affiche", 5 contribue d'évidence, grâce également en partie à sa relative inexpérience, au fort réalisme du récit, une constante chez . La photographie (louée par un maître de l'art : Akira Kurosawa) du Polonais 6 participe significativement à l'intérêt général du film, candidat au 38e "Lion d'or"7. Et s'il ne compte sans doute pas parmi les chefs-d'œuvre du cinéaste, Prince of the City n'en demeure pas moins un incontournable du genre et du cinéma.
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1. "Prince of the City: The True Story of a Cop Who Knew Too Much" publié en 1978.
2. dans lequel il devait refaire équipe avec John Travolta. Robert De Niro a également été évoqué pour être la vedette du film. 
3. persuadée qu'il constituait un matériau idéal pour , la scénariste (notamment de ) voulut produire une adaptation du livre de Daley. Elle confirma son intérêt aux dirigeants d'Orion, se déclarante prête à saisir l'opportunité si le projet venait à être reformulé. Dans l'intervalle,  porta à l'écran son roman Just Tell Me What You Want.
4. le montage final pour le cinéma n'atteint que 167 minutes !
5. déjà titulaire d'un rôle de flic dans son premier film avant d'être remarqué dans Hair.
6. première de ses onze collaborations avec .
7. sélection à laquelle se sont ajoutées trois nominations dans des catégories majeures des Golden Globes et une citation (scénario adapté) des Academy Awards.





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