mardi 6 janvier 2015

Les Fantômes du chapelier

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"Dites Kachoudas, vous me croyez ?"

Le roman éponyme1 de  (dont le grand-père était chapelier), écrit au cours de sa période étasunienne et publié en 1949, ne peut raisonnablement être inventorié parmi les meilleures et/ou plus mémorables œuvres du prolifique auteur belge.  y trouve cependant, depuis au moins quinze ans2, matière à une adaptation au cinéma. Le plus provincial des cinéastes parisiens reconnait aussi volontiers le caractère décisif de la participation de  pour la mise en production effective du projet. Elle est, de mon point de vue, l'argument presque exclusif de ce drame criminel aux aspérités horrifiques. Même s'il transpose l'histoire de La Rochelle au Concarneau du début des années 1960,  veut en tout cas privilégier la fidélité au texte originel.
Louable a priori, ce principe s'avère, ex post, infructueux. Les multiples scènes de parties de cartes au bar, sensées renforcer encore le sentiment de routine et de solitude du personnage central, sont faiblement productives en terme de narration. Le scénariste-réalisateur échoue également à dépeindre de manière adroite l'irrésistible montée du désordre pulsionnel, psychopathique chez Léon Labbé. La relation, essentielle et curieusement énigmatique, entre le chapelier et le petit tailleur arménien Kachoudas demeure sous-exploitée et nous laisse franchement sur notre faim (malgré les incessants déjeuners et diners servis au cours du film !). La mise en scène de , qui tourne beaucoup à cette époque pour la télévision, déçoit ; le cadre et les mouvements de caméra sont assez convenus, aucune image forte ne subsistant au terme des presque deux heures du métrage. 3 coiffe des chapeaux mais il porte aussi (un peu livré à lui-même) Les Fantômes du chapelier4 sur ses seules épaules. Ni  (il est vrai, comme , cantonné à un rôle un peu ingrat), ni 5, ni 6 ne contribue vraiment à l'intérêt général du film.
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1. développé à partir de la nouvelle "Le Petit tailleur et le chapelier" (1947).
2. Charles Boyer avait, semble-t-il, donné son accord pour tenir le rôle principal.
3. auquel  confiera, quinze ans plus tard, le personnage de Victor dans Rien ne va plus.
4. premier long métrage de cinéma réalisé par  dont la bande originale a été écrite par son fils Matthieu.
5. sœur cadette de François et épouse de Philippe Noiret.
6. dans le deuxième (après Le Cheval d'orgueil) des cinq films qu'il tournera sous la direction de .



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