mercredi 28 janvier 2015

Brick

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"What did she whisper to you?"

Insolite, assurément intrigant, le premier long métrage de  ne laisse pas indifférent. Le scénario (écrit en 1997*), la tonalité mais également le traitement assez singulier du film contribuent en effet à nous interpeler dès les premiers instants. La surprenante maitrise narrative et technique du cinéaste californien participant aussi à cette plaisante apostrophe. Sous l'apparence initialement anodine d'un High School MovieBrick** propose en réalité un bien étrange jeu de pistes (enchevêtrées), engagé à la suite de la disparition d'une jeune femme ayant rompu avec le personnage principal. Durablement égaré comme celui-ci, le spectateur se laisse cependant gagner par la progressive noirceur du récit.
Entre Mysterious Skin dans lequel il avait été remarqué et (500) Days of Summer qui lui valut une certaine notoriété,  focalise ici l'attention grâce à la position centrale, éminemment active du rôle de Brendan dans le script. Légèrement en retrait,  ou encore  ( ne fait que quelques brèves apparitions) lui apportent néanmoins un "soutien" significatif. Récompensé par le "Prix spécial du jury" (catégorie drame, "For originality of vision") à Sundance puis par le "Prix Sang neuf" de la pénultième édition du Festival du film policier de CognacBrick mérite, même avec retard, notre attention.
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*et produit, six ans plus tard, par le duo Ram Bergman-Dana Lustig et par Mark G. Mathis.
**terme aux sens multiples, dans le cas présent "brique", "fille et/ou homme sympa(s)".





lundi 26 janvier 2015

Colorado Territory (la fille du désert)

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"There's been plenty of times I wanted to get away from where I was."

 avait débuté les années 1940 avec High Sierra1, sa seconde adaptation (après Dark Command) d'un roman de W.R. Burnett. Il les clos avec un autre polar, White Heat, précédé de peu par une étonnante transposition westernienne du même ouvrage de l'auteur-scénariste (non crédité). Le scénario de Colorado Territory signé par Edmund H. North et John Twist, associés pour cette unique occasion, transcrit donc la trame originelle mais en la revivifiant avec une réelle pertinence. Wes McQueen, interprété par , possède notamment assez peu de points communs avec le Roy 'Mad Dog' Earle () du film initial. Le thème de la trahison l'emporte sur celui de l'échec, le contraste entre les deux principaux personnages féminins y apparaissant également plus marqué.
L'efficace réalisation de  se caractérise une nouvelle fois par son dynamisme. Le cinéaste réussit à conjuguer des scènes d'action adroitement conduites avec d'utiles séquences d'exposition sans jamais compromettre le rythme global du film. Les remarquables décors naturels sont en outre bien mis en valeur par la photographie en noir et blanc de l'expérimenté Sidney Hickox. Grande vedette du western,  tient ici, de manière convaincante, l'un des plus intéressants rôles du genre de sa carrière. Ses partenaires 2 et 3 se montrent, comme la plupart des acteurs de soutien4, à la hauteur des enjeux narratifs et artistiques. La (re)découverte de Colorado Territory est, vous l'avez compris, tout à fait recommandable.
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1. dont un remake, I Died a Thousand Times, sera réalisé en 1955 par  avec  et .
2. que  retrouvera, huit ans plus tard, dans The Tall Stranger
3. déjà vue au côté de  dans le récent South of St. Louis.
4. James Mitchum, le fils aîné (alors âgé de huit ans) du grand Robert, fait ici sa toute première apparition à l'écran.





dimanche 25 janvier 2015

Images

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"... This is not happening... I would not let this happen."

Que le deuxième long métrage de fiction pour le cinéma réalisé par 1 ait été un film de science-fiction n'a rien, en soi, de significatif. Mais la présence, en alternance, de productions dans lesquelles s'expriment l'étrange, l'irrationnel, voire le fantastique ne dévoile-t-elle pas une affinité du cinéaste pour cette typologie de sujets ? Après l'adaptation That Cold Day in the Park puis Brewster McCloud dirigé à partir du scénario original de Images constitue sans doute l'œuvre la plus personnelle d' au cours de cette période de sa carrière. Envisagé depuis déjà quelques années2, ce drame psychologique souffre cependant de handicaps narratifs assez similaires à ceux de That Cold Day... (voir article) sans pour autant totalement décevoir.
L'histoire centre son propos autour d'une femme initialement perturbée par la dénonciation anonyme de l'infidélité de son époux puis, de manière plus vivace, par un trouble dissociatif et hallucinatoire en aggravation. En prenant pour décor l'hivernale campagne irlandaise, Images mêle avec constance réalité triviale et confuses, réflexives apparitions sans que l'on perçoive très bien, jusqu'à son terme, le sens du récit. Le film dispose néanmoins d'atouts à souligner, parmi lesquels la photographie de Vilmos Zsigmond et le score de John Williams auquel sont associées les déconcertantes "sculptures sonores" du percussionniste japonais Stomu Yamashta. Sans oublier, bien sûr, l'interprétation centrale, au sein d'un casting réduit, de 3 (FreudThey Shoot Horses, Don't They?), primée lors du 25e Festival de Cannes.
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1. engagé jusque-là dans une longue (dix ans) parenthèse télévisuelle.
2. Altman prévoyait de produire le film à Milan avec Sophia Loren (Sandy Dennis, Julie Christie et Vanessa Redgrave ont également été pressenties pour le rôle principal).
3. auteure du conte pour enfants "In Search of Unicorns" dont des extraits sont récités pendant le métrage.


lundi 19 janvier 2015

Les Salauds

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Existe-t-il vraiment un public pour de telles inanités filmiques ? Objectivement, une audience en salles françaises d'un peu plus de quatre-vingt mille spectateurs. La combinaison recul (quatre ans séparent White Material de cet authentique navet) et précipitation (un scénario écrit en un mois avec l'habituel complice ) ne semble, de toute évidence, pas spécialement bénéfique à . Je préfère, au passage, laisser sous silence les prestigieuses références auxquelles la cinéaste prétend s'être inspirée pour accoucher de ce douzième long métrage de fiction, le second sélectionné à Cannes (dans la section "Un Certain regard" pour celui-ci). Le script s'avère d'une pauvreté crasse ; la majeure partie des séquences ne présente d'ailleurs aucun intérêt et ne sert, de surcroit, en aucune façon la narration.  aurait, probablement, dû s'abstenir de confier à  qu'il serait prêt à tourner... dans n'importe quoi !

Sweetwater (shérif jackson)

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"Unusual. I prefer unusual... Never queer."

Une inattendue et vraie bonne surprise que ce western new fashion ! Après le drame familial autobiographique Touching Home produit grâce et avec , les jumeaux  et  ont donc décidé d'explorer le film de genre, avec ma foi une certaine adresse. De prime abord, le récit écrit par le méconnu Andrew McKenzie pourrait passer pour une bien classique (éculée !), histoire de vengeance. Le traitement opéré par les frangins* réussit néanmoins à sortir Sweetwater un peu du lot.
La jolie photographie de l'Australien Brad Shield, lequel sait particulièrement tirer partie des obscurités, participe de manière indéniable à l'intérêt du film. La prestation du casting de tête, composé du déjà cité  dans un rôle insolite, de la séduisante et redoutable  (la rousseur va si bien à l'interprète de la blonde Betty Francis Draper de Mad Men !) et de l'Anglais , en faux prophète sans scrupule, contribue à le renforcer. Même si l'on peut cependant regretter une insuffisance apparente dans la direction d'acteurs. Moins percutant que le Seraphim Falls de Sweetwater (présenté en première à Sundance 2013 et en compétition à Deauville) n'en est pas pour autant moins fréquentable.
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*qui apparaissent en Levi et Jacob abattus au début du métrage.