mercredi 24 décembre 2014

The Man Who Wasn't There (the barber : l'homme qui n'était pas là)

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"He told them to look not at the facts, but at the meaning of the facts. Then he said the facts had no meaning."

L'absurde et le paradoxe caractérisent étroitement ce neuvième opus signé par  et . Ed Crane alias The Man Who Wasn't There1, comme Barton Kink avant lui, ne devient-il pas le jouet d'une fatale succession d'événements consécutifs à un surprenant choix initial et, pour l'essentiel, fondée sur la méprise ? Ardu, en outre, d'envisager de manière totalement rationnelle le facteur qui pousse ce coiffeur, effacé, a priori honnête et sans ambition, à saisir une double opportunité "un tantinet" crapuleuse. Le scénario imaginé par les , sans faire preuve d'une flagrante originalité, possède d'indéniables attraits. Notamment en raison des différents éléments psycho-philosophiques2 qu'il recèle.
Jamais jusque-là (à l'exception du drame Sling Blade tiré de sa propre pièce) le talent protéiforme de  n'avait probablement été aussi patent/épatant. Pour cette première collaboration avec les frères 3 dont il appréciait les productions, l'acteur avait d'ailleurs accepté de tenir le rôle-clé sans même avoir lu le script. Un personnage, au demeurant, assez dissemblable de ceux qui lui sont habituellement confiés. Difficile d'exister à ses côtés,  ou encore  en font ici, sans démériter, la cruelle expérience. La jeune  (à l'époque déjà remarquée dans The Horse Whisperer de  avant d'acquérir une certaine notoriété grâce à Lost in Translation) et  parviennent néanmoins à tirer leur épingle du jeu.
Le soin apporté à la production, à la réalisation et à la photographie (assurée par le Britannique Roger Deakins, à l'œuvre depuis Barton Kink) de The Man Who Wasn't There, ses évidentes qualités visuelles contribuent à faire de ce film, candidat à la "Palme" cannoise 20014, l'un des plus aboutis des cinéastes. Est-il enfin possible, après l'avoir vu, d'écouter le deuxième mouvement (adagio cantabile) de la Sonate pour piano n°8 (en do mineur Op. 13 dite "Pathetique") de Ludwig van Beethoven sans que des images du film nous reviennent à l'esprit ?
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1. titre emprunté au poème "Antigonish" (dans lequel il est question de fantômes !) écrit, à la fin du XIXe siècle, par l'étasunien William Hughes Mearns.
2. en particulier l'emploi métaphysico-juridique fait du "principe d'incertitude" (heisenbergsche unschärferelation) formulé par l'Allemand Werner Heisenberg, l'un des fondateurs de la mécanique quantique et "Prix Nobel" de physique 1932.
3. il tiendra aussi un second rôle dans Intolerable Cruelty.
4.  y a reçu le prix du meilleur réalisateur (ex æquo avec David Lynch pour Mulholland Drive). Le film a ensuite été nommé dans trois catégories majeures des Golden Globes, dans celle de la meilleure cinématographie aux Academy Awards.



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