dimanche 14 décembre 2014

Man Without a Star (l'homme sans étoile)

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"What does he mean... 'Texas Style'?"

Antépénultième film pour le cinéma de , troisième et dernier western (réalisé de bout en bout !) de la carrière du Texan surtout réputé pour ses productions des années 1920-30, Man Without a Star mêle avec une certaine réussite virilité et drôlerie. Librement tiré de l'ouvrage éponyme de Dee Linford publié en 1952 par  (Red RiverWinchester '73) et Deronda Daniel Beauchamp, il permettait notamment à  d'évoluer dans un registre moins étroit que ne l'impose traditionnellement le genre en question. Rapprochés par les circonstances d'un voyage en train entre le Kansas et le Wyoming, Dempsey Rae et Jeff Jimson se retrouvent bientôt liés par une relation quasi fraternelle, le premier acceptant d'aider, de guider et de former son cadet. Engagés dans un élevage en expansion de dix mille têtes de bovins, Demsey et Jeff sont amenés à servir les fortes ambitions de Reed Bowman, la belle propriétaire du ranch venue de l'Est. Le rapide appauvrissement des pâturages non concédés provoque assez vite un antagonisme ouvert avec les autres éleveurs de la région, contraints de les protéger avec des clôtures en fil de fer barbelé.
La classique conquête (humaine et, en l'occurrence, surtout affairiste) de l'Ouest s'accompagne ici d'une échappée volontaire vers le Nord, à la recherche d'espaces naturels encore sans limite (artificielle). Et cela constitue probablement l'un des atouts narratifs de Man Without a Star. Sans réelle attache, fondamentalement désintéressé, Dempsey Rae est pur aventurier*, bon vivant, généreux, réticent à nuire sauf en cas de méprise ou de force majeure. Tout l'opposé, en somme, de sa séduisante et éphémère patronne, personnification de l'opportunisme sans scrupule. De Steve Miles aussi, authentique criminel dissimulé en bouvier. La secourable et sincère sympathie qu'éprouve Dempsey pour Jeff Jimson est en partie mue par un ancien double traumatisme, autre intéressant élément de tension dramatique du récit. Ravivée lorsque celui-ci tentera de s'émanciper en optant pour une voie influencée par Miles. Notons enfin, dans ce contexte de lutte d'intérêts privés, l'aveuglement caractéristique, la relative impuissance de l'ordre et de la justice incarnés par le shérif Olson.
Sans être un véritable spécialiste du western,  tire à l'évidence profit de son expérience et de sa polyvalence, bien secondé pour cette unique occasion par le talentueux cinématographe Russell Metty. Le cinéaste a également su mettre en valeur la palette interprétative de , personnellement impliqué dans cette production dirigée par Aaron Rosenberg pour Universal. L'acteur (dirigé auparavant, dans un film du genre, par Raoul Walsh puis par Howard Hawks) retrouvait , l'une des trois épouses de A Letter to Three Wives de Mankiewicz. L'ancienne (et très catholique) vedette de la Fox, ** ou encore , ne disposent cependant pas assez de contenu scénaristique pour essayer d'étoffer leur personnage respectif.

N.B. : le film a fait, en 1968, l'objet d'un remake, A Man Called Gannon produit par le même studio, dirigé par  et avec  dans le rôle-titre.
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*sans repère astral, allusion d'une réplique, motif trompeur du titre du film.
**à nouveau partenaires de , la première dans Two Weeks in Another Town, le second dans  The Arrangement.





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