mardi 21 octobre 2014

The Manchurian Candidate (un crime dans la tête)

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"... Most mortal of all are those gotten from the parent fish."

Sans doute le drame1 psycho-politique le plus stupéfiant de l'histoire du cinéma, The Manchurian Candidate mêle en effet étrangement classicisme et atypie. Le projet, porté par , connu d'ailleurs de sérieuses réticences/résistances de la part des studios, levées notamment grâce à l'intervention favorable du président J.F. Kennedy. Lequel avait dû, rappelons-le, gérer l'année précédente l'exécution de la "Bay of Pigs Invasion" programmée par son prédécesseur, paroxysme de la période de Guerre froide vécue depuis 1947. The 39 Steps ou Ministry of Fear avaient, vingt ans plus tôt, ouvert la voie aux fictions conspiratrices. L'adaptation par 2 du roman éponyme (publié en 1959) de 3 va elle creuser le sillon mais aussi véritablement marquer les esprits. Cette histoire centrée autour de Raymond Shaw, sergent étasunien capturé par l'ennemi avec plusieurs de ses compagnons d'arme en 1952 pendant la Guerre de Corée, déclaré héros de guerre au terme du conflit, en réalité mentalement manipulé à distance4 par des scientifiques russo-chinois n'a rien de banal. D'autant que le traitement narratif et visuel opéré par  semble d'emblée vouloir provoquer un certain ahurissement, voire une déroute chez le spectateur.
Touffue, l'intrigue laisse durablement planer de nombreuses interrogations ou suspicions. Quelle "implication" pourrait avoir le major Bennett Marco dans l'encore implicite dispositif comploteur ? Eugenie Rose Chaney, tombée immédiatement sous le charme de celui-ci dans un train, en serait-elle (avec ses répliques bien singulières !) l'un des instruments ? Que viennent donc faire, si tardivement dans le récit, le progressiste sénateur Thomas Jordan et sa gracieuse fille Jocelyn 'Jocie' ? Enfin et surtout, quelle influence motrice la haine de Shaw pour sa mère et son sénateur de beau-père possède-t-elle donc ? The Manchurian Candidate, comparé aux Seven Days in MayExecutive Action ou The Parallax View presque contemporains, est, en tout cas, assez unique en son genre. Co-têtes d'affiche officielles du film,  et  (tout juste "ressuscitée" de Psycho) laisse cependant la vedette aux Britanniques  (Room at the Top) et , épatante dans le rôle de l'autoritaire et vaguement incestueuse Eleanor Shaw Iselin. L'actrice, dirigée peu avant par  dans All Fall Down, obtiendra grâce à son interprétation le deuxième "Golden Globe" (ainsi qu'une troisième et dernière nomination aux Academy Awards) de sa carrière. A souligner également la jolie prestation de  et le score original de David Amram. Entré en 1994 au National Film RegistryThe Manchurian Candidate a fait l'objet, dix ans plus tard d'un remake5 réalisé par .
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1. plus que vrai thriller, un qualificatif que l'on peut néanmoins évoquer à propos de la toute dernière partie du métrage.
2. assez loin de ses bases, l'auteur de la pièce The Seven Year Itchadaptateur l'année précédente de Breakfast at Tiffany's co-produit le film avec .
3. ancien collaborateur d'United Artists (partenaire distributeur du film),  a également écrit, entre autres, Prizzi's Honor.
4. le brainwashing et la persuasion coercitive sont, dès 1950, devenus des concepts-clé de la Guerre froide.
5. co-produit par Tina Sinatra (la cadette des trois enfants du chanteur-acteur est la détentrice des droits), Scott Rudin et la Paramount sur un scénario de Daniel Pyne et Dean Georgaris avec ,  et  dans les rôles principaux.





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