dimanche 19 octobre 2014

The Man Who Knew Too Much (l'homme qui en savait trop)

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"How is it that Shakespeare says? 'From which no traveler returns.' Great poet!"

Sixième des neuf films d' produits par Michael Balcon1, cette première version de l'unique récit co-signé par Charles Bennett et D.B. Wyndham-Lewis constitue le premier volet d'une informelle tétralogie d'espionnage2. L'intrigue sur laquelle se noue The Man Who Knew Too Much3 n'est pas une pure invention. Elle s'inspire en effet des forfaits politico-criminels perpétrés par Peter Piatkow alias 'Peter the Painter' et sa bande, neutralisée le 3 janvier 1911 au terme du siège mené par la police (dirigée par un certain Winston Churchill, alors secrétaire d'Etat à l'Intérieur) à Sidney Street (Londres). L'implication fictive et involontaire de Bob Lawrence, sujet britannique en vacances à St-Moritz, dans une plausible affaire d'assassinat d'un haut dignitaire étranger et l'enlèvement consécutif de son unique fille viennent ajouter une tension dramatique. Ils font également naitre, au sein du couple Lawrence, un dilemme moral qui connaitra son paroxysme et une résolution provisoire lors de la scène-clef du concert donné à l'Albert Hall.
La trame narrative du film produit par la Gaumont British Picture et celle du remake4, réalisé vingt-deux ans plus tard par  lui-même pour la Paramount, sont pratiquement identiques5. Les traitements sont en revanche assez sensiblement différents. D'abord en raison de la concision du scénario de la version initiale. La photographie en noir et blanc du chef-opérateur d'origine allemande Curt Courant (notamment collaborateur en 1929 de Fritz Lang, à partir de la fin des années 1930 de Jean Renoir et Marcel Carné puis, en 1947, de Charles Chaplin) contribue ensuite à la noirceur plus marquée et un peu mystérieuse du film. Une atmosphère pourtant parfois contredite par une relative, étonnante insouciance de ton, voire quelques épisodes de légère comédie.
Que dire de l'interprétation, face à ,  et de 6 tout juste arrivé d'Allemagne (en passant par Paris) et ne parlant pas anglais ? L'époustouflant acteur principal de M, qui mêle ici une douceur presque infantile et une manifeste brutalité avec un naturel confondant, apporte un incroyable relief à The Man Who Knew Too Much ; il restera sans doute aussi comme l'un des plus mémorables méchants de la filmographie .





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1. véritable promoteur de la carrière du cinéaste, leur coopération débutant dès 1923 pour Woman to Woman, co-écrit par  et réalisé par , puis en 1925 avec The Pleasure Garden.
2. complétée, dans la foulée, par The 39 StepsSecret Agent et Sabotage auxquels, comme le plus tardif Foreign Correspondent a également participé.   avait, cinq ans plus tôt, adapté la deuxième pièce, , de l'écrivain et ex-acteur.
3. titre emprunté à celui d'une nouvelle de Gilbert Keith Chesterton publiée en 1922.
4. pour lequel John Michael Hayes a remplacé le duo Edwin Greenwood-A.R. Rawlinson au le scénario.
5. jusqu'à la nationalité française de l'espion victime en raison de l'information détenue, interprété d'abord par , puis par Daniel Gélin.
6.  lui confiera le rôle du général dans Secret Agent et l'engagera dans deux épisodes de la série TV Alfred Hitchcock présents.



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