lundi 13 octobre 2014

La Vénus à la fourrure

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"Heureusement que les déesses existent pas hein, sinon vous seriez dans la merde."

L'amour de  pour le théâtre n'a échappé à personne. Au point de nous laisser penser, au cours des années 1980, qu'il puisse s'y consacrer totalement. Parmi ses nombreuses adaptations littéraires, Death and the Maiden et le récent Carnage étaient déjà issus de cet art. Un peu moins d'un an après la sortie de celui-ci,  annoncait son intention de porter à l'écran la pièce "Venus in Fur"1 de , elle-même inspirée par le roman éponyme (édité en 1870) de l'auteur autrichien Leopold von Sacher-Masoch2. Purs huis clos et face à face aux manifestes ambiguïtés, La Vénus à la fourrure tient à la fois d'une vertigineuse mise en abyme et d'une bien délectable confrontation des sexes aux accents érotico-mythiques (flagrante revanche prise sur l'ouvrage originel - et, selon Gilles Deleuze, sa misogynie - dans lequel Sacher-Masoch ne laissait pas la femme s'exprimer).
Promue par Alain Sarde (dont la collaboration remonte au Locataire) et Robert Benmussa (Bitter Moon), cette première production en langue française du cinéaste joue assez finement sur les ambiguïtés ("ambivalences" ?), sur la confusion des personnages. Discrète, la réalisation n'en est pas moins adroite, sachant tirer un astucieux parti du cadre circonscrit3 imposé par le texte. Face à l'éprouvé  (bienvenu remplaçant de Louis Garrel)4 offre une composition tout bonnement épatante, faite de naturel et de plurivo(ra)cité. Candidat à la 66e "Palme d'or"La Vénus à la fourrure n'a, hélas, pas trouvé son public dans les salles françaises ; il permit néanmoins à  d'obtenir le huitième "César"5 de sa carrière.
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1. montée en première off-Broadway par Walter Bobbie en 2010 avec Nina Arianda en Vanda Jordan/Wanda von Dunayev et Wes Bentley en Thomas Novachek/Severin von Kushemski (remplacé, l'année suivante, par Hugh Dancy).
2. les six précédentes productions, entre 1967 et 1994, plus ou moins influencées par le livre s'avèrent toutes assez décevantes.
3. le théâtre Récamier, fermé depuis 1978, sert de décor au film.
4. convaincante bien qu'elle soit plus âgée que le personnage de la pièce.
5. en trente-quatre ans.

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