Fight Club

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"Why do people think that I'm you?"

Probablement l'une des comédies noires les plus dingues qu'il m'ait été données de voir. L'une des plus subversives aussi¹ (toutes nationalités confondues). Adaptation du premier roman, publié en 1996, de Chuck Palahniuk, Fight Club envisage en effet la société moderne de consommation comme une dualité inconciliable, voire potentiellement psychotique. En trahissant l'inattendu dénouement² de l'intrigue, on peut caractériser (identifier) le film comme une sorte de transcription développée, à la fin du XXe siècle, du stevensonien Dr. Jekyll and Mr. Hyde. Moins touffu, décousu et violent que l'ouvrage éponyme, le premier scénario de Jim Uhls n'altère pourtant pas la percussion du récit, bien au contraire.

Controversé dès le stade du projet, puis pendant ceux de la production et de l'exploitation (le film connut un échec commercial aux Etats-Unis au moment de sa sortie), Fight Club jouit néanmoins depuis d'une forte et durable cote d'affection de la part du public. Outre la folle et astucieuse histoire, qui mêle si étroitement drôlerie et gravité, il dispose de plusieurs atouts inestimables. En premier lieu l'adroite et impliquée réalisation (la quatrième pour le cinéma) de David Fincher³ qui participe pour beaucoup au volontaire et cohérent dérèglement de la narration. Ensuite et surtout la remarquable combinaison opérée entre Edward Norton et Brad Pitt⁴, réunis pour la première et encore seule fois à l'écran. L'un des rares désappointements à l'égard du film tient au relatif faible emploi de l'excellente Helena Bonham Carter dont le personnage perd peu à peu en importance et relief. Fight Club est, pour sûr, essentiellement un "film de mecs" (au bon sens de l'expression) !
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1. à la manière, au début des années 1970, du burgesso-kubrickien Clockwork Orange.
2. même si l'anonymat du personnage central (qualifié de "narrateur" dans le script), les récurrentes proclamations débutant par "I am Jack's..." et de multiples autres menus détails nous donnent des pistes sur la résolution.
3. Peter Jackson, Bryan Singer et Danny Boyle ont d'abord été sollicités pour prendre la direction.
4. Matt Damon et Russell Crowe étaient le choix initial des producteurs pour former le duo. Sean Penn a également été pressenti pour le rôle finalement tenu par Norton.