mercredi 24 septembre 2014

The Big Sky (la captive aux yeux clairs)

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"Sure is big country. The only thing bigger is the sky."

Western atypique, The Big Sky1 est une adaptation du premier roman, publié en 1947, de l'écrivain montanien 2. L'histoire choisie par  et  (collaborateur de John Ford notamment) possède pourtant quelques uns des principaux ingrédients du genre : traversée de vastes régions quasiment inexplorées3, rivalités (dé)loyales (ici commerciale et amoureuse), menaçantes tribus indiennes, amitié virile. Est-ce dû à l'équivoque relation qui se noue dès le début du métrage entre Jim Deakins et Boone Caudill, au remplacement de l'inévitable cheval par une embarcation fluviale, aux dialogues partiellement en français, le film produit par  et la RKO s'apparente en effet davantage à Northwest Passage qu'aux classiques représentants du western moderne (parmi lesquels Broken Arrow ou High Noon, sorti un mois avant).
Cette remontée du Missouri au départ de St. Louis donne une représentation assez différenciée de la conquête de l'Ouest. Des négociants en peaux animales se substituent aux traditionnels fermiers et éleveurs. Projet et développement économiques ne sont plus fondés sur une initiative individualiste et patrimonial mais sur un système coopératif (le navire nommé "Mandan" faisant symboliquement office d'outil collectif de travail). L'Indien y tient soit le rôle de mercenaire soit celui d'un partenaire. Ce sont sans doute ces aspects originaux de la narration qui contribuent pour une grande part à l'intérêt de The Big Sky. Au point d'ailleurs d'affaiblir très sensiblement les éléments plus contingents du scénario. Peut-être même aussi de bouleverser l'influence présumée des personnages sur le récit.
Ainsi  (nommé pour son interprétation lors des 25e Academy Awards) et, dans une certaine mesure, le natif austro-hongrois  s'imposent-ils de manière inattendue à l'inédit duo composé de  (dans son deuxième western après Along the Great Divide de ) et du Texan 4 entourant la remarquée 5. A noter enfin la présence de  (dont la notoriété doit beaucoup à la figure patriarcale qu'il tiendra, à partir de 1978, dans la série Dallas) et la contribution de Russell Harlan qui lui valut la première de ses six (dont trois pour photographie en N&B) citations aux "Oscars".


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1. expression admirative employée, en 1843 dans son "Journal du Missouri", par le naturaliste, chasseur et peintre étasunien d'origine française Jean-Jacques Audubon et ses ultimes paroles, juste avant de décéder.
2. récompensé en 1950 par le "Prix Pulitzer" pour "The Way West" porté à l'écran sept ans plus tard par  avec  dans le rôle principal,  est aussi l'adaptateur de Shane,
3. découvertes, deux cents ans plus tôt, par des colons français.
4. acteur de soutien dans  produit par Hawks. Le rôle de Boone Caudill a d'abord été proposé à Montgomery Clift qui l'a refusé.
5. la fille d'un Anglais et d'une Cherokee faisait ici son unique apparition à l'écran.




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