mardi 2 septembre 2014

Lord Jim

******
"Can all man... be persuaded?"

Cette seconde adaptation1 du roman de  ne figure généralement pas parmi les films les plus appréciés de . Probablement, pour partie, en raison de son échec lors de sa sortie en 1965. Lord Jim n'en demeure pas moins, à mes yeux, l'un des grands drames d'aventure de l'histoire du cinéma. Cette seizième réalisation de  (la première produite par le cinéaste, ici associé à la Columbia) ne parvient certes pas à traduire pleinement le caractère cérébral, la complexité narrative de l'ouvrage originel. Mais la force tragique du récit2, allégorie ambivalente du destin, ne se trouve en rien affaiblie. Elle trouve, de surcroit, en 3 un bien remarquable interprète4.
Un autre choix que celui du comédien shakespearien était-il d'ailleurs, a posteriori, envisageable ? L'acteur, récemment primé pour ses prestations dans Lawrence of Arabia et Becket, porte en effet avec une vivace acuité la blessure psychologique et morale de son personnage, placé en situation de pouvoir racheter une lâcheté circonstancielle, endossée et blâmée publiquement. La peur, le déshonneur, le courage, la responsabilité et l'abnégation sont au cœur des péripéties (tribulations) vécues par Lord Jim tout au long des plus de deux heures trente du métrage (dans son montage original). Le principal regret susceptible d'être formulé à l'égard du film tient dans le relatif effacement des autres figures de la relation. En particulier le capitaine Marlow5 (), Schomberg () ou encore le Général () au sein d'un casting de soutien ( dans son pénultième rôle au cinéma,  et  qui apparaît dans l'ultime partie) et de figuration dans l'ensemble très solide. L'actuelle absence de Lord Jim (dont on fêtera le jubilé l'année prochaine !) au National Film Registry demeure, selon moi, une véritable anomalie.
___
1. après celle réalisée en 1925 par  pour la Paramount, avec le Britannique  dans le rôle-titre.
2. inspiré à l'auteur britannique natif de l'empire russe (lui-même ancien officier de la marine marchande) à la fois par l'affaire du "SS Jeddah" (juillet 1880) et par James Brooke, premier souverain occidental d'un territoire d'Asie du Sud-est.
3. également producteur associé (sans crédit) du film.
4. pendant la phase de développement du projet, Paul Newman (que  venait de diriger dans ) était le premier candidat au rôle principal.
5. narrateur de trois autres œuvres de  dont "Heart of Darkness" (1899) à l'origine d'Apocalypse Now de Coppola.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire