vendredi 5 septembre 2014

Diplomatie

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"... Que feriez-vous à ma place ? Répondez je vous prie."

Précédant de presque six mois les commémorations du 70e anniversaire de la libération de Paris après une (logique) présentation en première à la 64e Berlinale (section Speciale), cette adaptation de la pièce1 de  par l'auteur et  relève davantage, nous le savons, de la fiction historique que de la reconstitution d'une authentique rencontre survenue le 25 août 1944 au matin. Que le rôle indiscutable de Raoul Nordling, consul général de Suède à Paris depuis 1926, vis à vis de l'occupant nazi ait été sans doute moins décisif pour le sort de la capitale française2 importe finalement peu. La vocation de la dramaturgie ne consiste-t-elle pas souvent à inventer et/ou à abstraire ? Le désavantage objectif du cinéma est, en l'occurrence, de pouvoir (devoir ?) représenter, même fugitivement, le lieu et d'apporter ainsi une substance à ce qui n'en avait pas sur scène.
Diplomatie demeure néanmoins un intéressant face à face3, à peine distrait par quelques actions secondaires. Arguments contre arguments (obéissance contre persuasion), chacun des deux protagonistes tente de convaincre son interlocuteur soit du caractère irrévocable de la décision prise de détruire Paris, soit de son absurdité et de sa folle sauvagerie. La prestation des talentueux  et , qui reprennent le rôle tenu auparavant4 sur les planches, constitue l'atout déterminant de cette production franco-allemande portée par le duo Marc de Bayser-Frank Le Wita (promoteur notamment de trois films de Robert Guédiguian). Le comédien  et l'acteur d'origine franco-danoise seront probablement de sérieux candidats et rivaux dans leur catégorie lors de la 40e cérémonie des "César".
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1. montée en janvier 2011 au Théâtre de la Madeleine.
2. scellé favorablement par le constat fait par le général von Choltitz de la visible démence de son führer, rescapé de l'attentat du 20 juillet 1944, de l'inexorable avancée des troupes alliées vers Paris puis l'Allemagne mais aussi par la considération de son futur statut de prisonnier de guerre.
3. qui rappelle un peu, dans un contexte évidemment bien différent, celui du Souper de  et .
4. et, en 1966, respectivement par Orson Welles et Gert Fröbe dans Paris brûle-t-il ?



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