vendredi 9 mai 2014

All Is Lost

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"I'm sorry..."

Si l'on extrapole la célèbre, présumément un peu sentencieuse formule1 d'Aristote, le navigateur ou la navigatrice solitaire pourrait bien tenir du surhomme (pas au sens nietzschéen du concept). Les récits successifs des participants aux trois ou quatre grandes courses au large du genre attestent de l'immense courage dont ces personnalités font régulièrement preuve. Sur ce sujet, le deuxième long métrage de  (auteur de l'excellent Margin Call également produit par  et ) possède a priori les apparences de l'exercice de style. Un script très concis (trente-deux pages), sans dialogue (et pour cause !), ni même de soliloque à l'exception du texte introductif2, tout juste quelques sporadiques interjections. Car All Is Lostrelate en effet, à l'aide d'un seul flashback, le naufrage en plein Océan Indien d'un marin de plaisance avancé en âge dont nous ne savons/saurons strictement rien d'autre. Le choix de 4 (et son acceptation de tenir le rôle) paraît confirmer cette première impression. Le traitement serré et naturaliste de la narration presque linéaire, laissant néanmoins parfois place à un point de vue sous-marin et figuratif, l'absence de considération morale ou philosophique plaident à l'inverse pour une approche authentiquement réaliste, volontiers austère malgré la belle photographie de Frank G. DeMarco et Peter Zuccarini. Sans doute plus que les coups du sort (et de tabac) subis par son personnage,  semble s'intéresser à l'évolution de sa psychologie, d'abord combative, confiante en la possibilité d'un sauvetage puis progressivement désemparée, désespérée. Survival un peu unique en son genre5All Is Lost échoue cependant à susciter la flamme propre aux très bons films.
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1. "Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer."
2. s'agit-il de celui du message placé dans un bocal et jeté à la mer ?
3. présenté hors compétition à Cannes, récompensé par l'un des deux "Prix spécial du jury" au terme du 39e festival de Deauville.
4. nommé, en tant qu'acteur, pour la seconde fois aux "Golden Globes" après avoir obtenu, en 1965, celui du meilleur espoir masculin pour Inside Daisy Clover.
5. naviguant davantage dans des eaux proches de celles du Taiheiyô hitoribocchi du Nippon  que dans celles du thriller Dead Calm de l'Australien .



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