mercredi 1 janvier 2014

Laura

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"Yeah, dames are always pulling a switch on you."

Le premier drame d' devait être réalisé par Rouben Mamoulian. Mais les successifs désaccords entre le producteur et son aîné natif de l'empire russe ont amené celui-là à reprendre la direction du film. Etrangement, l'immigré austro-hongrois (arrivé aux Etats-Unis en 1936), à la recherche d'un projet de mise en scène pour Broadway, s'était auparavant vu proposer la première ébauche d'une pièce intitulée "Ring Twice for Laura" écrite par Vera Caspary1. Le drame ne put être monté2, réécrit par l'auteur en roman (d'abord publié, fin 1942, dans le magazine "Collier's") dont les droits d'adaptation furent acquis par la Fox.
Souvent qualifié de film-noir, Laura relève plutôt de l'énigme policière en constante évolution, dominée par les thèmes de la dépendance, de la méprise et de la fixation psychologique. Le scénario de Jay Dratler (Call Northside 777)Samuel Hoffenstein3 (Dr. Jekyll and Mr. Hyde) et Elizabeth Reinhardt (Cluny Brown) ne débute-t-il pas en narration à la première personne pour ensuite adopter une relation plus conventionnelle, centrée autour de l'inspecteur Mark McPherson ? C'est, bien sûr, l'insoupçonné retournement de situation, en plein milieu du métrage, invalidant l'énoncé initial des événements et soulevant de nouvelles questions, qui donne sa singularité au film. Il faut aussi souligner le caractère insolite de la fascination morbide éprouvée par le lieutenant de police pour la décédée se dénouant par une inattendue et ambiguë rivalité triangulaire.
Certaines obligations contractuelles peuvent changer un destin ; celui de , réticente à tenir le rôle-titre4, dont la carrière a indiscutablement bénéficié.  (absent des écrans depuis près de quinze ans) et  composent un casting intéressant et séduisant. L'élégante réalisation de  conjuguée aux qualités de la photographie en N&B du jeune Joseph LaShelle (récompensé par un "Oscar") et le mémorable thème musical, devenu l'un des grands classiques hollywoodiens, de David Raksin5 expliquent également la forte notoriété dont jouit ce polar entré en 1999 au National Film Registry.



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1. future adaptatrice de A Letter to Three Wives de Mankiewicz.
2. malgré l'intérêt exprimé par Marlene Dietrich pour interpréter Laura.
3.auquel le personnage de Waldo Lydecker doit son caractère égotique et corrosif.
4. refusé par Jennifer Jones puis par Hedy Lamarr, laquelle affirma ensuite qu'elle aurait accepté... si on lui avait présenté la partition au lieu du scénario.
5. chargé de la bande originale suite à l'indisponibilité d'Alfred Newman et au refus de Bernard Herrmann.

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