lundi 6 janvier 2014

All Quiet on the Western Front (à l'ouest rien de nouveau)

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"You still think it's beautiful and sweet to die for your country, don't you?"


La commémoration du centenaire de la Grande Guerre pourrait bien constituer une opportune incitation à (re)voir cette première adaptation1 d'All Quiet on the Western Front. Tiré du roman en partie autobiographique "Im Westen nichts Neues" publié en 1928-1929 par Erich Maria Remarque2, ce drame historique hollywoodien conduit par Carl Laemmle Jr. conserve le point de vue allemand. Par fidélité au texte originel ; peut-être aussi en raison de la probable et inquiétante évolution de l'environnement géopolitique de l'époque. La grande dépression de 1929 se traduit en effet déjà par de sérieuses conséquences économiques et sociales aux Etats-Unis, dramatiques en Allemagne. Ni l'auteur, ni le producteur du film ne peuvent alors anticiper la fin prochaine de la République de Weimar, le succès du NSDAP aux élections fédérales anticipées de septembre 1930 puis l'accession au pouvoir de son chef. Mais le contexte est indéniablement sombre, certains propos sont alarmistes. Il y a sans doute nécessité à promouvoir un discours pacifiste3, de mettre en évidence l'absurde et intolérable coût humain du nationalisme guerrier.
Parti de sa Russie natale en 1912, donc avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale,  est mobilisé en 1917 (il a dix-neuf ans, comme le personnage principal du roman) dans l'Army Signal Corps au sein duquel il participe à la réalisation de courts métrages destinés aux troupes US. Réalisateur désormais reconnu, il fait avec All Quiet on the Western Front sa première expérience du film de guerre4 mais aussi du cinéma parlant5. Son travail de mise en scène en association avec le chef-opérateur Arthur Edeson (futur collaborateur de John Huston et Michael Curtiz notamment), des séquences de combat employant de nombreux figurants6 aux scènes intimistes, est ici assez remarquable. Réalisme, fantasmagorie et lyrisme d'une part, gravité et drôlerie de l'autre s'y côtoient avec authenticité.
Intéressante distribution hétéroclite emmenée par le jeune 7 et  (dans l'un de ses derniers rôles, l'acteur de soutien de D.W. Griffith ou  décédera l'année suivante). Récompensé lors de la troisième édition des Academy Awards par les "Oscars" des meilleurs film (une première pour Universal) et réalisateur (le second pour  après celui pour la comédie Two Arabian Knights)All Quiet on the Western Front est entré en 1990 au National Film Registry. En 1937, la suite The Road Back a été produite par le même studio sous la direction de .

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1. suivie en 1979 par le téléfilm de  avec  et . Une troisième version, produite par le duo Lesley Paterson-Ian Stokell, devrait sortir en décembre 2014 (Mimi Leder a, un moment, été annoncée à la direction avec Daniel Radcliffe dans le rôle principal).
2. auteur également de A Time to Love and a Time to Die que  portera au cinéma.
3. celui de l'ouvrage, l'un des nombreux témoignages de volontaires ou conscrits terriblement éprouvés parmi lesquels ceux des écrivains français Henri Barbusse ("Le Feu") et Jean Giono ou encore de l'artiste Lucien Jacques.
4. il réalisera au total, en presque trente ans, neuf fictions du genre.
5. en réalité deux versions, l'une muette, l'autre sonore sont produites simultanément avec un casting partiellement différent.
6. certaines parties sont tournées en plongée à l'aide d'une grue, procédé qu'il réutilisera au moins à trois reprises.
7. le futur dr Robert Richardson du Johnny Belinda de  (et objecteur de conscience pendant le Seconde Guerre mondiale) tient seulement ici son deuxième rôle crédité.



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