jeudi 4 avril 2013

Star Wars

******
Star Wars, Episode I: The Phantom Menace

"A long time ago in a galaxy far, far away..."

La plupart des amateurs de la trilogie initiale ont dû sortir de la projection de cette première prequel un peu abasourdis. Il faut, d'abord, reconnaitre la témérité de George Lucas à vouloir proposer une trilogie originelle à une saga qui avait marqué les années 1970-1980, devenue assez vite l'objet d'un engouement international presque sans précédent. Ce premier volet frappe par sa solennité mais aussi, paradoxalement, par son infantilisme* plus accentués. Concernant cette dernière caractéristique, comment en effet qualifier le patois  (borborygmes ?) du Gunganien Jar Jar Binks ou l'interminable course de podracers avec laquelle s'achève la deuxième partie sur la planète Tatooine ? L'intrigue politique, fondation narrative du récit, apparaît également trop simpliste pour contribuer à l'intérêt, à l'intensité dramatique de l'épisode. Les quelques fragments de l'enfance d'Anakin Skywalker, sa découverte par Qui-Gon Jinn et son apairage avec Obi-Wan Kenobi, le choix de  et  pour tenir ces rôles déterminants ou, dans une moindre mesure à ce stade, la présence de  (en reine Amidala/Padmé) permettent cependant à The Phantom Menace d'échapper au risque d'une certaine banalité académique.
___
*le "bestiaire lucasien" (souvent grotesque dès Star Wars), en partie renouvelé, participe significativement à renforcer cette impression d'éternelle immaturité.







******
Star Wars, Episode II: Attack of the Clones

Est-ce l'influence, sans doute modeste, du Britannique  (co-auteur, la même année, de The Scorpion King), le scénario de ce deuxième volet (de transition) semble plus nerveux et sombre. Il n'évite néanmoins pas une criante confusion liée à un montage alterné quasi mécanique et à une dernière partie bien trop agitée, désordonnée. J'ai, en d'autres lieux auparavant, affirmé que George Lucas produisait, avec cette triple prequel, du cinéma d'animation "avec de vrais morceaux d'acteurs à l'intérieur". Cette tendance s'affirme en effet ici, à l'exception peut-être des (nécessaires mais barbantes !) séquences de roucoulades bucoliques entre la sénatrice Padmé et le padawan Anakin Skywalker. Sauf sur le plan formel, spectaculaire, il ne m'apparaît pas que cela soit à l'avantage du film. Pas plus que la prestation d' qui peine à nourrir, à rendre vivace l'arrogance, la rébellion, la colère de son personnage, sa progressive plongée dans la face obscure de la force. La place réservée à , acteur incontournable pour donner de la hauteur et de l'inquiétude à une narration, demeure également très étroite, donc décevante.




******
Star Wars, Episode III: Revenge of the Sith

Troisième (sur le plan chronologique, sixième et provisoirement dernier en terme de production) opus de la saga stellaire, Revenge of the Sith  se devait d'être décisif. Il y parvient dans une certaine mesure. Si la progression récitative n'est (une nouvelle fois !) pas toujours suffisamment maitrisée, heurtée notamment par de multiples changements de points de vue et déplacements planétaires, le basculement irrémédiable vers les ténèbres apporte un relief, une intonation particuliers à cet épisode. La collusion nouée entre le chancelier suprême puis empereur Palpatine et le perturbé Anakin Skywalker, obnubilé par la mort et sa propre puissance, sert ici d'axe autour duquel la motricité scénario se retrouve brusquement stimulée. Plus que la dictature agréée par la démocratie ou le surprenant et persistant aveuglement de la confrérie Jedi, c'est le sort final, la transmutation de Skywalker en Darth Vader qui constitue l'élément capital et le climax du film.

******
Star Wars (Episode IV: A New Hope)

"That's no moon. It's a space station."

En revoyant ce premier opus (historique) de la saga, force est de constater la grande distance qui le sépare du précédent (chronologique). Technologique d'abord, logiquement difficile à intégrer. La différence fondamentale réside pourtant ailleurs : George Lucas n'avait, en 1976, d'autre ambition que de proposer un pur divertissement. La tonalité résolument enjouée, le caractère pittoresque, presque frivole de la production ont d'ailleurs contribué à rendre attachante cette trilogie initiale. Une affection singulière également profitable à la notoriété de , de  et d'. Un scénario simple, linéaire, une réalisation sans artifice (voire même parfois un peu de bricolage !) expliquent le charme impérissable et le succès avéré de Star Wars.




******
Star Wars, Episode V: The Empire Strikes Back

"Always in motion is the future."

Voilà mon épisode préféré de la saga*. Un scénario dense et plus harmonieux, grâce notamment à la précieuse collaboration de Lawrence Kasdan et, avant lui, de Leigh Brackett**, avec une valorisation plus sensible des personnages, des vertus et sentiments humains. Une réalisation intelligente et adroite (c'est en effet ancien professeur au collège de George Lucas, qui reprend la main !). De nombreux éléments narratifs importants se nouent ou se révèlent dans The Empire Strikes BackEt, contrairement au message introductif, un équilibre des forces entre empire et rebellion pourrait être en voie d'instauration, apportant un supplément d'intérêt et d'intensité à ce pénultième volet. Les interprètes principaux semblent également plus à l'aise et nuancés sans pour autant perdre une partie de leur naturel et spontanéité. Certains des personnages secondaires possèdent enfin davantage d'étoffe et/ou de place pour s'exprimer.
___
*malgré sa relative contre-performance commerciale lors de sa première exploitation aux Etats-Unis.
**auteur réputé de SF, co-adaptateur de The Big Sleep et auteur d'un premier script resté inachevé en raison de son décès.







******
Star Wars, Episode VI: Return of the Jedi

Un final somme toute décevant, sorte de resucée de l'épisode IV dans laquelle les inévitables éléments capitaux en suspens trouvent une résolution plutôt bâclée. Sous la direction (contestée) du Gallois *, qui obtient là l'occasion de réaliser le "chef-d'œuvre" de sa courte et modeste carrière, les marionettes lucasiennes reprennent un pouvoir presque sans partage. Avec le recul, on mesure davantage le flagrant, excessif décalage dramatique existant entre l'emphatique prequel postérieure et la profonde naïveté infantile de ce (provisoire**) dernier opus. George Lucas aurait-il donc, comme parfois son vieil ami Steven Spielbergdu mal à conclure ? Qu'importe ! Cela ne semble pas contrarier les générations successives de fans qui placent Return of the Jedi parmi les cinq meilleures productions du cinéaste californien. 
___
*initialement sollicité, David Lynch avait refusé de poursuivre cette franchise, trop intimement liée à son promoteur. David Cronenberg renonça également à cette opportunité.
**puisque nous savons depuis plusieurs mois qu'une sequel en trois parties devrait être produite sous la bannière Disney.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire