jeudi 28 février 2013

Gone Baby Gone

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Qu'est-ce qui est juste ? Telle est, en substance, la question essentielle posée par le roman* de Dennis Lehane (Mystic RiverShutter Island) adapté par . "Captivant" polar à rebondissements et bon premier film dirigé par l'acteur**, notamment grâce à sa pertinente et adroite imprégnation dans l'environnement humain du récit. Le choix de son cadet Casey (à sa place), d' (à l'étonnant look hopperien !), de la comédienne Amy Ryan et d' (l'épouse d') s'avère également assez judicieux (même si l'on aurait bien voulu voir comment le vieil ami Matt Damon aurait tenu le rôle de Patrick Kenzie). Les prestations de  et de  sont, en revanche, moins convaincantes.

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*le quatrième des six volumes de la série "Kenzie et Gennaro" publié en 1998.
**souvent décrié pour ses interprétations postérieures à son second rôle  oscarisé de Will Hunting et aujourd'hui au faîte de la reconnaissance pour sa dernière réalisation.

mercredi 27 février 2013

De rouille et d'os

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"Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil" chantait Charles Aznavour dans le chimérique  "Emmenez-moi" (1967). Misère matérielle, peut-être ; intellectuelle et/ou affective, assurément pas ! Un dénuement dont paraissent souffrir les deux personnages principaux (diminués à plusieurs sens du terme) du film de . Que nous raconte donc ce drame, à bien des égards clandestin, imaginé par l'écrivain canadien Craig Davidson, qu'essaie-t-il même de nous dire, tout bonnement ? Les séquelles d'une altération (rouille), d'une brisure (os), l'expression d'un affligeant pathos presque désincarné malgré amputation et blessures. Ne parvenant plus à distinguer, sauf recours à d'explicites mentions, la droite de la gauche. Depuis sa collaboration avec Thomas Bidegain, le cinéma d' m'est devenu indifférent, rapport de cause à effet ou simple coïncidence ?

mardi 26 février 2013

Raiders of the Lost Ark (les aventuriers de l'arche perdue)


Raiders of the Lost Ark (les aventuriers de l'arche perdue)

La décennie 1980 a revisité et modernisé, souvent avec brio, les codes du cinéma de genre. En juin (septembre en France) 1981, le cinquième film de Steven Spielberg (sur le point d'ajouter la mention producteur à sa carte de visite) en est l'une des plus belles illustrations. Ecrit par le duo George Lucas-Philip Kaufman (adaptateur de The Outlaw Josey Wales) avec le concours de  (Star Wars: The Empire Strikes Back)Raiders of the Lost Ark se situe d'emblée dans la tradition du film, roman voire comic d'aventure tout en lui donnant une ampleur inusitée.
Le premier des cinq films produits par Frank Marshall nommés aux Academy Awards demeure comme l'un des plus grands succès public et commercial de cette époque mais aussi comme l'un des plus explicites témoignages de l'orientation prise alors par les studios hollywoodiens dans le domaine du divertissement. En particulier le développement de sagas/franchises autour d'un personnage ou d'un récit fondateurs.
Tout n'est pas du même calibre dans ce volet initial, notamment la dernière partie (à partir de l'abordage du cargo par le sous-marin nazi). Mais l'énergique et talentueuse direction de Spielberg, le score héroïque et inoubliable de John Williams, l'empathie créée par Indiana Jones* solidement tenu par Harrison Ford (sur le point de redevenir pour la troisième fois Han Solo et endosser le costume moins "typé" de Rick Deckard) constituent des atouts auxquels on ne peut (ir)raisonnablement résister.
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Indiana Jones and the Temple of Doom (indiana jones et le temple maudit)

Trois ans après le premier opus, Indiana Jones and the Temple of Doom (et George Lucas associé à ses deux co-scénaristes d'American Graffiti) nous entraine à Shanghai puis vers les Indes coloniales. La longue séquence d'ouverture (hommage aux comédies musicales et polars hollywoodiens des années 1930) est d'ailleurs assez remarquable de vivacité et d'astuce. La seconde moitié vire, hélas, un peu trop au grand guignol et autres attractions de foire avec une prédilection prononcée pour le "mauvais goût" ou la répugnance, notamment morbide et "insectisée". Et si la première prestation à l'écran du jeune vietnamien Jonathan Ke Quan (futur Data dans The Goonies) se montre plutôt convaincante, il n'est pas sûr que nous ayons vraiment gagné au change avec le remplacement, dans le rôle principal féminin, de  par Kate Capshaw (auditionnée après une certaine... Sharon Stone !).


Indiana Jones and the Last Crusade (indiana jones et la dernière croisade)

Il a fallu, cette fois, attendre cinq ans pour découvrir ce troisième volet ; mais cela en valait largement la peine ! Indiana Jones and the Last Crusade constitue, en effet, le meilleur épisode de la série. D'abord parce qu'il nous éclaire, en ouverture, sur la vocation précoce d'aventurier et d'archéologue d'Henry Jones Jr. (mais aussi sur l'origine de l'inséparable couvre-chef d'"Indy") joué par River Phoenix (personnage repris ensuite par Chris Strompolos puis, dans la série TV extrapolée, par Sean Patrick Flanery et Corey Carrier). Ensuite et surtout grâce au choix de Sean Connery* pour le rôle de son père (lequel n'apparaît vraiment qu'après 47' de métrage). Il y a d'ailleurs quelques influences bondiennes dans cet opus. Ne serait-ce que la suppression du personnage féminin positif au "profit" d'une authentique femme fatale tenue par l'Irlandaise  (Jenny Flex, l'une des assistantes noyées de May Day- dans A View to a Kill avec ).
Plus maitrisé, tant sur le plan narratif que cinématographique, des films de la série, Indiana Jones and the Last Crusade a aussi et enfin "révélé" à bon nombre de spectateurs le tombeau jordanien de Khazneh, à l'extrémité d'un sîq (étroit défilé rocheux), l'un des plus surprenants et désormais connus édifices du site de Petra.
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*dans l'hypothèse d'une indisponibilité de l'acteur écossais, Spielberg avait pensé à Gregory Peck et à Jon Pertwee.


Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull (indiana jones et le royaume du crâne de cristal)

Plus d'un quart de siècle (presque vingt-sept ans précisément) après Raiders of the Lost Ark, ce quatrième opus* démarre à l'endroit même où celui-là s'était conclu**. Présenté en avant-première lors du 61e Festival de Cannes, Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull parvient à éviter le goût de réchauffé malgré l'âge (le kilométrage !) d'Harrison Ford et un scénario co-signé par Jeff Nathanson (Catch Me If You Can) et  (Jurassic ParkCarlito's WayWar of the Worlds) situé pendant la guerre froide.
Le récit souffre d'une progression heurtée, erratique ; les progrès et l'importance des effets spéciaux sont également patents, ce qui nuit un peu au plaisant caractère "old fashion" de la saga. Les références cinématographiques restent nombreuses, en particulier celle manifeste à The Wild One. Les participations de Cate Blanchett et John Hurt influencent moins la qualité du film qu'attendu. Le retour de Karen Allen confirme le fort ancrage à l'épisode initial alors que la prestation de Shia LaBeouf, provisoirement échappé de l'hasbroienne série Transformers, semble apporter quelques gages en vue d'une éventuelle transition. L'acteur californien ("étoile montante" selon les Bafta cette année-là) sera-t-il chargé d'assurer la relève ?
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*et ultime épisode ? Un cinquième a été annoncé mais entrera-t-il jamais en production ?
**avec une brève mais explicite citation.

Galerie affiches



jeudi 21 février 2013

The Tall Man (the secret)

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Le troisième long métrage (après Saint Ange et Martyrsde  se révèle aussi inconsistant que les précédents. Ce polar prétendument thrillisant à triple détente (ou double twist) est aussi, pour une grande part, incohérent, parfois curieusement indolent avec cette récurrente obsession de la souffrance physique (pénible épreuve sur ce plan pour ) qui caractérise les récits du cinéaste français.



mercredi 20 février 2013

Cube

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"It's some rich psycho's entertainment"  

Le caractère éminemment conceptuel (scénario imaginé par le trio Vincenzo Natali (Splice)-Graeme Manson-André Bijelic) de ce premier long métrage* le préserve de l'effet du temps. Pur exercice de style filmique, Cube commence par désarçonner un peu le spectateur mais réussit, véritable gageure compte tenu du caractère confiné ("claustrophobique") de l'espace et de ses ingrédients narratifs, à l'intriguer jusqu'à son terme. Plus original et surprenant que Das Experiment de l'Allemand  ou Primer de son jeune compatriote , moins singulier que le Pi de , ce drame horrifique presque abstrait se focalise, pour l'essentiel, sur  les relations (et leur évolution) nouées entre les très dissemblables protagonistes** de cet étrange huis-clos. Récompensé au  TIFF 1997, succédant à Bienvenue à GattacaRetroactive et An American Werewolf in Paris (respectivement au palmarès des festivals de Sitges, Fantasporto et  Gérardmer), demeure assez atypique dans la production qualitative de genre.

N.B. : des deux sequels produites sur ces bases, ni Cube 2: Hypercube (suite incohérente de gesticulations gratuites) du chef-op. polonais  (Pulp FictionAmerican Psycho...), ni le vidéofilm Cube Zero d' ne sont vraiment à... sauver !
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*revu après le visionnage d'Exam
**même s'il existe, d'emblée, une complicité formelle entre Leaven et Worth ; les patronymes des participants de ce périlleux Rubik's Cube sont en effet empruntés aux dénominations de prisons parmi lesquelles Leavenworth (Kansas).

dimanche 17 février 2013

A l'origine

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"... Parce que c'était possible."

La fiction a souvent du mal à rivaliser avec la réalité. Le quatrième long métrage de  le prouve si nécessaire une nouvelle fois. Difficile de définir ce qui constitue la véritable force d'A l'origine, de cette incroyable mutation d'un minable aigrefin en empathique entrepreneur de travaux public, suscitant l'espoir et fédérant les énergies, pris à son propre jeu ou de l'abstraite métaphore utopique qui sous-tend ce drame (en compétition à Cannes et nommé dans onze catégories des "César") à la fibre documentaire.
Autre motif d'étonnement : la récurrente complexité de notre époque à parvenir à distinguer l'escroc du héros* (le film tend, en l'occurrence, à considérer Paul alias "Philippe Miller", inspiré par le faux ingénieur-coordonnateur des travaux d'une partie sarthoise de l'A28 Philippe Berre, comme un homme d'exploit).
Dans ce personnage singulier et contradictoire, François Cluzet ne déçoit pas, même si l'on regrette un peu qu'il s'obstine (ou ait été dirigé) dans un registre étroit de quasi torpeur mêlé d'égarement aux côtés (pour la troisième fois) d'une effacée mais solide** Emmanuelle Devos en maire d'une petite commune rurale. Belle prestation de Vincent Rottiers (remarqué auparavant dans Le Passager d').
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*la séquence de l'arrivée en ville des engins de chantiers évoque, à l'évidence, l'entrée des troupes alliées libératrices au terme de la Seconde Guerre mondiale.
*et d'ailleurs "césarisée" pour ce second rôle.

samedi 16 février 2013

Compliance

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Compliance : 1. conformité - 2. docilité, soumission. Changement radical de décor et de tonalité pour  (Great World of Sound). Cette seconde fiction "inspired by true events" fait vraiment froid dans le dos (porte du congélo restée ouverte ou pas !). Présenté à Sundance et Deauville, il figure en effet parmi les drames les plus éloquents sur la manipulation, la crédulité, la sujétion à l'autorité (réelle ou supposée), l'humiliation et la perversion. Un film indépendant mû davantage par les idées de son scénario que par ses acteurs judicieusement dissimulés derrière leur personnage, parmi lesquels Becky alias  aperçue dans Gran Torino ou dans la série The Good Wife (où elle tenait le rôle de... Becca !).



vendredi 15 février 2013

Punch-Drunk Love (ivre d'amour)

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L'un des films les plus (positivement) insensés*, stupéfiants qu'il m'ait été donnés de voir depuis bien longtemps ! Sous quelle (il)légale influence se trouvait donc   pendant le processus d'élaboration du scénario de Punch-Drunk Love ? Nul ne le sait sans doute sauf lui. Mais cette si étrange comédie romantique mérite assurément le détour, d'abord pour son récit hallucinant, ensuite pour la présence de la toujours épatante et délicieuse , enfin pour la prestation vaguement , nommée aux "Golden Globes", d' dans l'un des meilleurs rôles de sa carrière (avec celui de Charlie Fineman dans le drame Reign Over Me de ) et les apparitions, certes trop courtes, de  (suppléant de Sean Penn).
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*à la manière du After Hours de  à la confusion évidemment plus "topographique" !

Exam

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Original (au moins autant que, dans un registre sensiblement différent, l'avait été il y a plus de dix ans un autre premier long métrage :  Cube de ), élémentaire - au bon sens du terme - et sobre, Exam réussit un insoupçonné pari, celui de tenir le spectateur en suspens pendant toute la durée d'un scénario développé à partir d'une situation à la fois simple et énigmatique. Le récit imaginé par  et  se révèle en effet très astucieux, fondé sur un mécanisme dialectique mêlant notamment concurrence et collaboration au sein d'un groupe (métaphorique ?) soigneusement diversifié. La maîtrise narrative et de réalisation, le jeu des acteurs, pour la plupart peu connus quoique expérimentés, surprennent aussi positivement. La véritable question pourrait donc être : pourquoi ce thriller intimiste a-t-il connu une diffusion si tardive en France ?


mercredi 13 février 2013

Immortals (les immortels)

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Archétype du péplum du XXIe siècle sous amphétamines (i.e. effets spéciaux terriblement envahissants... au point de nous mener au seuil de la nausée !)Immortals ne peut afficher qu'une pure prétention de spectacularité. Le scénario mytho-illogique imaginé par les frères  demeure en effet trop schématique et bien simpliste pour espérer donner un semblant de souffle lyrique à ce film d'action antique. L'origine graphique et les qualités visuelles qui constituaient les atouts de 300 (également co-produit par Mark Canton et Gianni Nunnari) rendent, en l'occurrence, la comparaison préjudiciable à la troisième réalisation de l'Indien . Et si Mickey Rourke se montre plutôt convaincant en roi belliqueux et sanguinaire, le Britannique Henry Cavill (futur Clark Kent/Superman du reboot Man of Steel) tient d'avantage d'une "incarnation" de magazine de mode que du Thésée de la légende dramaturgique. Au terme de cette empoignade "catchique", une question subsiste néanmoins : qu'est donc allé faire John Hurt dans cette hellène galère ?