dimanche 11 novembre 2012

Two Way Stretch (le paradis des monte-en-l'air)


"Shut up I'm talking!"

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Ecrite par l'acteur John Warren et Len Heath, cette comédie carcérale(1) demeure assez représentative des films britanniques de cette époque (The Lavender Hill Mob, The League of Gentlemen, The Wrong Arm of the Law également avec Sellers...). Le producteur E.M. Smedley-Aston (The Happiest Days of Your Life) en confie la réalisation à Robert Day, sur le point de partir pour Hollywood où il co-dirigera notamment plusieurs séries télévisées, avec lequel il a déjà collaboré à deux reprises(2). Atout déterminant de Two Way Stretch, Peter Sellers y livre pourtant une prestation en demi-teinte.
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Dodger Lane, Jelly Knight et le jeune Lennie Price partagent la même cellule à la prison d'Huntleigh où ils finissent de purger leur peine de trois ans. Grâce à leur débrouillardise mais aussi aux bienveillants rapports entretenus avec le paternaliste directeur et le gardien-chef Jenkins, le trio bénéficie d'un évident traitement de faveur. Plusieurs ateliers de réinsertion y ont depuis longtemps remplacé les travaux forcées à la carrière où, lorsqu'ils ne sont pas inspectés, les détenus s'adonnent à diverses activités récréatives et "éducatives". Après avoir accueilli trois représentantes d'un comité pour la réforme pénitentiaire, le directeur reçoit le pasteur Fowler venu s'entretenir avec Lane, l'un de ses paroissiens. Le prétendu révérend nommé en réalité Soapy Stevens, seul complice parmi les quatre ayant un alibi et donc disculpé, souhaite l'associer à un vol sensationnel. Pour cela, lui et ses deux camarades doivent s'absenter discrètement de la prison pendant la nuit qui précède leur libération. Le plan comporte un bien contrariant imprévu : le remplaçant du retraité Jenkins n'est autre que le plus intransigeant des gardiens de Rockhampton, le criard Sidney Crout.
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Malgré une trame narrative intelligible, Two Way Stretch est néanmoins composé de bric et de broc, en saynètes (les visites à la prison sont, sur ce plan, caractéristiques ainsi que le gimmick sexué de la courge/"marrow"). Plus que le projet d'évasion destiné à accomplir un braquage de "haut vol", c'est l'opposition entre emprisonnement progressiste (i.e. relâché) et captivité rigoureuse, voire punitive qui en constitue la chaîne et l'essentiel du ressort comique du film. Une dichotomie fondamentale soulignée avec éclats (de voix) par la prestation de Lionel Jeffries(3). Laquelle attiédit significativement les interprétations de Wilfrid Hyde-White (au demeurant plus crédible en ecclésiastique qu'en chef de gang) et de Peter Sellers himself.
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1. largement inspirée de Convict 99 réalisé par le Parisien Marcel Varnel et agrémentée de clins d'œil à The Wooden Horse et à Danger Within.
2. opérateur caméra sur The Constant Husband et réalisateur de Strangers' Meeting.
3. partenaire de Margaret Rutherford dans Murder Ahoy, Grandpa Potts de Chitty Chitty Bang Bang, il dirigera David Lodge, vieil ami de Peter Sellers, et Bernard Cribbins dans son premier film, The Railway Children.

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