vendredi 12 octobre 2012

L'Oro di Napoli (l'or de naples)


"... Aujourd'hui, pleurer ou rire, c'est la même chose."

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Paradoxalement initié* après-guerre par Roberto Rossellini, le film à sketches italien a fait florès à partir du début de la décennie suivante, souvent sous la forme de réalisations collectives. Tel n'était pas le cas de L'Oro di Napoli confié à Vittorio De Sica par le duo de producteurs, formé dès 1950, Carlo Ponti-Dino De Laurentiis. Six courts récits, oscillants irrégulièrement entre drame et comédie, publiés en 1947 par Giuseppe Marotta et adaptés avec Cesare Zavattini. Ce dernier et le Napolitain avaient déjà collaboré ensemble une première fois à l'occasion de l'écriture du scénario développé par Federico Fellini et Piero Tellini pour Quarta pagina de Nicola Manzari. Assez remarquable, quoique presque inévitablement inégal (comme si son métal ne pouvait être qu'allié !), L'Oro di Napoli réunit aussi une bien belle distribution ; des arguments semble-t-il insuffisants pour convaincre le jury (présidé par l'écrivain Marcel Pagnol) du 8e Festival de Cannes où le film était en compétition pour la "Palme d'or".
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"Il guappo" : Don Saverio Petrillo et sa famille hébergent avec égards, un peu contre leur gré, Don Carmine Savarone depuis le veuvage de celui-ci, intervenu dix ans plus tôt. Mais, en cette veille de Noël 1953, il est bien décidé à mettre fin à cette insupportable situation. "Pizze a credito" : au terme de la messe à laquelle elle est sensée assister, Sofia quitte son amant Alfredo pour rejoindre Rosario son époux derrière l'étal où ils préparent et font frire des pizzas. Après plusieurs ventes, la séduisante jeune femme se rend compte qu'elle n'a plus au doigt le précieux émeraude reçu à l'occasion de son mariage. Aurait-il été retenu dans la pâte et emporté par l'un des clients ? "Funeralino" : la procession funèbre d'un jeune enfant décédé s'organise ; la mère du défunt demande au cocher du corbillard d'emprunter la voie qui longe la plage. "I giocatori" : joueur invétéré mais sans le sou car soumis à la stricte surveillance de son épouse, le comte Prospero B. n'a d'autre partenaire de scopa que le jeune fils de son chauffeur à la chance... phénoménale. "Teresa" : jolie prostituée, Teresa quitte son lieu de travail pour rencontrer son futur époux, Don Nicola, jeune et riche commerçant de la ville. "Il professore" : une foule se presse à la devanture du local où Don Ersilio Miccio offre, à titre onéreux, ses avisés conseils. Un groupe de voisins se présente bientôt pour lui soumettre un problème d'intérêt collectif.
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La ville de naissance du ténor Enrico Caruso serait-elle l'unique dénominateur commun de L'Oro di Napoli ? Et de quoi au juste est donc composé ce trésor-là ? Une insolite ou cruelle (voire les deux) contingence et des fins ouvertes caractérisent les six segments du film. De la générosité abusée à une sonore leçon de pantalonnade à l'italienne en passant par l'obsession du jeu, aucun des personnages qui la subissent ou l'exercent n'est identique aux autres et, néanmoins, tous y révèlent ou exploitent une vulnérabilité spécifique. Le texte d'ouverture répond à la seconde question. Quatre d'entre ces histoires à forte tonalité néo-réaliste sortent du lot. "Teresa", aux circonstances troubles, pour le raffinement de l'interprétation de Silvana Mangano, l'énigmatique et déroutant "Funeralino", les réjouissantes farces aigres-douces "Il guappo" et "Il professore" superbement animées par Totò et Eduardo De Filippo. Elles contribuent d'ailleurs à faire de L'Oro di Napoli un modèle et un classique du genre.
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*si l'on exclut le précurseur et méconnu La Segretaria per tutti.

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