vendredi 20 avril 2012

Era notte a Roma (les évadés de la nuit)


"The italians are like banners in the wind..."

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Quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et son Roma, città aperta, Roberto Rossellini explore à nouveau cette singulière période de neuf mois qui précède la libération de Rome par les troupes alliées. Si dans le film récompensé par la "Palme d'or" 1946 le cinéaste s'intéressait à la résistance (ouvrière, communiste et catholique), Era notte a Roma, également co-signé par Sergio Amidei, place au cœur du scénario trois officiers évadés appartenant aux principaux pays (jusque-là) antagonistes. Moins inspiré et subtil que celui-là ou Il Generale della Rovere sorti l'année précédente, ce drame associe la Romaine Giovanna Ralli (dans le troisième de ses quatre films sous la direction de Rossellini) et le Toscan Renato Salvatori (également à l'affiche de Rocco e i suoi fratelli) aux Britannique Leo Genn (The Snake Pit, Quo Vadis), Ukrainien Sergueï Bondartchouk (Sudba cheloveka) et Etasunien Peter Baldwin (Stalag 17).
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Depuis la capitulation sans condition de l'armée italienne, le 8 septembre 1943 et la révélation de l'armistice signée cinq jours plus tôt avec les forces alliées débarquées en Sicile, de nombreux prisonniers de guerre évadés des camps errent, cherchant une cache jusqu'à l'arrivée des troupes amies. Un refuge accordé par certains autochtones malgré la menace de l'occupant nazi d'exécuter ceux qui leurs viendraient en aide. Vêtues en nonnes, trois femmes arrivent en camionnette dans un village pour approvisionner leur marché noir. Elles obtiennent gracieusement les produits du paysan à condition de le débarrasser de trois militaires, un Anglais, un Etasunien blessé au genou et un Russe, dissimulés depuis un mois dans une cave. Un barrage allemand leur impose de prendre un prêtre à bord, contrariant le projet de laisser les prisonniers sur la route. Arrivés en ville à la nuit tombée, Esperia Beli, abandonnée par ses complices, offre hospitalité, soins et nourriture aux trois militaires puis les invite à s'installer dans le grenier. Au matin, ceux-ci constatent qu'ils se trouvent à Rome. Inquiète des éventuelles conséquences de l'asile accordé, Esperia réclame l'aide de son fiancé Renato Balducci. En chemin, ils croisent brièvement Tarcisio, un ami d'enfance de celui-là. Sollicité, le docteur Costanzi, un peu anglophone, est bientôt présenté au major Michael Pemberton, au sergent Fyodor Nazukov et au lieutenant Peter Bradley.
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La dénonciation constituait le thème central du néoréaliste Roma, città aperta, la rédemption celui du plus classique Il Generale della Rovere. Dans Era notte a Roma, Roberto Rossellini souligne tout à la fois la versatilité du peuple italien et sa propension à la charité (chrétienne). La lenteur avec laquelle il développe son récit, la relative faiblesse de l'intensité dramatique, l'angélique fraternité mise en avant nuisent un peu à l'intérêt porté à l'ultime fiction du cinéaste sur cette époque. Y compris lorsque sont abordées les paradoxales interactions entre résistance, communisme, église et aristocratie. Le contexte de la conquête (la première) d'une des capitales de l'Axe, le concept de dissimulation (réversible : fausses religieuses et vrai défroqué), les positions contradictoires tenues pas les fascistes et les nazis apparaissent enfin insuffisamment exploités.

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