jeudi 8 décembre 2011

The Thief of Bagdad (le voleur de bagdad)


"Is there nothing for you, without her?"

 - film - 5043_25
Un peu moins connue que la version initiale de Raoul Walsh avec Douglas Fairbanks dans le rôle-titre, The Thief of Bagdad d'Alexander Korda est pourtant la plus réussie de toutes celles mises en œuvre(1). Cette production "collective"(2) a d'ailleurs frappé, avec le plus tardif Ulisse de Mario Camerini, l'imagination de plusieurs générations de jeunes (et plus âgés) spectateurs d'après-guerre. Positivement surpris (encore aujourd'hui sur un mode plus "historique") en particulier par la qualité des décors créés par Vincent Korda, la photographie en Technicolor du Parisien Georges Périnal (ancien collaborateur de René Clair) et les effets spéciaux de Lawrence W. Butler et Jack Whitney élaborés pour ce film d'aventure orientalo-fantastique. Tous récompensés lors de la 13e édition des Academy Awards. Aux côtés du remarquable comédien allemand exilé Conrad Veidt (Das Kabinett des Doktor Caligari) et de June Duprez déjà réunis pour The Spy in Black de Michael Powell, Sabu, le fils de cornac indien vedette de deux films dirigés par Zoltan Korda(3), fait équipe pour cette unique occasion avec un jeune débutant londonien, John Justin(4).
 - film - 5043_27
Un puissant navire arrive dans un port. Un individu, au visage caché par son chèche, en débarque et s'enquiert aussitôt de nouvelles à propos d'une princesse et d'un aveugle auprès d'une élégante femme venue l'attendre. Emmenés par des chaises à porteurs, ils passent devant celui-ci, jeune mendiant affublé d'un chien, lequel accepte l'invitation d'Halima à se restaurer et se reposer chez elle. Dans le palais du maître, les médecins n'ont pas réussi à faire sortir la princesse de l'étrange sommeil auquel seul l'aveugle, dont elle est amoureuse, peut mettre fin. Après le repas, Ahmad affirme à Halima et aux quatre autres femmes qui l'entourent sa détermination à vouloir retrouver sa bien-aimée et leur relate son histoire. Celle du roi de Bagdad, séparé de son peuple par le grand vizir Jaffar, à l'époque où son chien était encore un enfant, espiègle voleur au grand cœur.
 - film - 5043_38
Le spectacle d'une décapitation, mesure courante sous le régime de terreur imposé par le grand vizir, pousse ce dernier de suggérer à son jeune et humaniste souverain une idée déjà expérimentée par le grand-père de celui-ci. Celle de retirer, le soir même, les vêtements royaux pour observer son peuple. Ahmad se mêle donc à la foule réunie devant un orateur très critique à l'égard du roi considéré comme un tyran, évoquant la prophétie d'un futur libérateur. Jaffar profite de l'occasion pour arrêter et emprisonner Ahmad, en le déclarant fou, dans un cachot où le rejoindra Abu le voleur, lui aussi condamné à l'exécution capitale au lever du soleil. Grâce à la dextérité de l'adolescent, qui subtilise la clef de la prison, les deux détenus s'évadent et prennent, à bord d'une embarcation, la direction de Bassora. Là, Ahmad s'éprend, dès qu'il l'aperçoit, de la fille du sultan de la ville.
 - film - 5043_46
Si la contribution du réalisateur allemand Ludwig Berger, initialement chargé du projet, a presque disparu du métrage final, celle de Michael Powell l'influence significativement(5), tant au niveau de la mise en scène qu'à celui du rythme. Le récit imaginé par Lajos Biró (auteur notamment de The Last Command devenu scénariste en chef de la kordienne London Film Productions) et Miles Malleson(6) opère un allègre rapprochement entre contes de tradition orale d'origines différentes : l'indo-perse "Mille et une nuits"(7) et l'occidental "Belle au bois dormant". Son manque relatif d'étoffe et de relief est en revanche largement compensé par les multiples et non chronologiques rebondissements auxquels est soumis le duo Abu-Ahmad face au maléfique et ensorceleur Jaffar. La solidité académique de l'interprétation de Conrad Veidt contraste enfin assez fortement avec l'énergique spontanéité du jeu de Sabu et l'étroitesse un peu rigide du registre de John Justin. The Thief of Bagdad n'en reste pas moins un classique du genre au même titre que l'original, entré en 1996 au National Film Registry.
___
1. comparée également aux suivantes : la variante féminisée de l'Allemand Carl Lamac avec Sonja Ziemann (1952), celle du duo italo-étasunien Bruno Vailati-Arthur Lubin avec Steve Reeves (1961) ou encore le téléfilm du Britannique Clive Donner avec Roddy McDowall (1978).
2. déplacée d'Angleterre (et du Pays de Galles où a été tournée la scène pendant laquelle apparaît le djinn sur la plage) à Hollywood pour cause de Blitz.
3. avant d'interpréter Mowgli pour l'adaptation de Jungle Book du même réalisateur.
4. dont le précoce talent de pilote d'avion ne lui est ici (sur un tapis volant !) d'aucune utilité.
5. la participation de William Cameron Menzies, resp. des décors du Thief of Bagdad de Fairbanks et Walsh apparaît moins évidente.
6. également acteur de seconds rôles (Kind Hearts and Coronets), ici en sultan de Bassora, et dramaturge (Night in Montmartre).
7. justification formelle de la présence de Sabu !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire