lundi 17 octobre 2011

El Otro


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Réussir à surprendre constitue l'un des atouts majeurs d'un film. El Otro y parvient à la fois avec simplicité et une certaine étrangeté. S'il soigne, comme le précédent, sa singulière authenticité, le second long métrage du Portègne trentenaire Ariel Rotter s'apparente néanmoins davantage aux réalisations de ses aînés Mario Sabato, Carlos Sorín et de Francisco D'Intino qu'à celles, plus typées, de Fabian Bielinsky, Juan José Campanella ou encore Adrián Caetano. Illustration épurée, discrète et judicieuse d'une crise individuelle, soudaine et un peu insolite de la quarantaine, El Otro a convaincu le jury de la 57e Berlinale présidé par Paul Schrader de lui décerner son "Grand prix" et de désigner Julio Chávez pour succéder au Munichois Moritz Bleibtreu au palmarès du prestigieux festival allemand.
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Avocat marié de quarante-six ans, Juan Desouza rend une visite quotidienne à son vieux père pour s'occuper un peu de lui. En se réveillant à l'arrivée de l'autocar pris lors d'un déplacement professionnel dans la province nord de Buenos Aires, Desouza constate le décès du passager assis ses côtés. Après son rendez-vous fixé chez un notaire et la visite de la propriété saisie au couple endetté et décédé Branelli, le juriste renonce à rentrer dans la capitale le jour même comme prévu. Il prend une première chambre dans un hôtel quelconque sous l'identité de l'architecte Emilio Branelli puis une seconde dans un "deux étoiles" en se présentant comme le docteur Manuel Salazar, nom de son défunt compagnon de route aperçu sur une étiquette. Le lendemain matin, Desouza remarque l'avis de décès de Salazar dans le journal ; il décide d'aller à l'endroit où est exposé le cercueil.
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Bien plus intéressant que la récente adaptation d'un roman, au thème présumément connexe, de Douglas Kennedy par Eric Lartigau, El Otro nous propose une brève et paisible réflexion sur la manifestation soudaine du temps, de la vie, de la mort et leurs possibles conséquences et significations. Ariel Rotter relate ainsi, sans préalable ni force explicitations, cinq jours de l'exil volontaire (spatial et "personnel"), de l'errance d'un quadragénaire a priori sans problème apparent (si ce n'est une myopie non encore corrigée !). Le souvenir de l'antonionien Professione: reporter affleure furtivement. Comme le cinéaste italien, Rotter sait saisir l'ineffable, la substance symbolique, presque élégiaque de l'altérité, des relations et des choses. Entouré par trois femmes très distinctes dans des rôles secondaires, Julio Chávez porte enfin avec adresse et retenue cet insolite drame écrit pour lui.

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