vendredi 23 septembre 2011

Stake Land


"I'm just gettin' old and scary."

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On appelle cela avoir de la suite dans les idées. Celles de Jim Mickle et son complice Nick Damici. Après avoir livré une ville aux dents acérées de féroces Underdogs (court métrage dans lequel Damici tenait déjà un rôle de chasseur) puis fait de rats mutants le vecteur d'une terrible pandémie autour de Mulberry Street (distingué à Amsterdam, Montréal et Toronto), le duo n'hésitait pas à tenter une nouvelle et toujours étrange hybridation, cette fois entre morts-vivants et vampires. Dans Stake Land, roadmovie post-apocalyptique, le jalonnage s'opère moins sur le terrain qu'à travers le muscle cardiaque de multiples et affreuses créatures issues d'une mystérieuse épidémie. Présenté en première il y a un an au TIFF, programmé ce mois-ci au 17e Etrange festival ainsi qu'au 4e Festival européen du film fantastique de Strasbourg, le film de Jim Mickle tient assurément lieu de solide repère au sein d'un genre à la prospérité retrouvée depuis le nouveau siècle.
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Les parents du jeune Martin sont attaqués à la nuit tombée par un monstrueux humanoïde dans leur garage. L'adolescent doit la vie sauve à son chien Cooper puis à la soudaine intervention d'un inconnu qui parvient à terrasser, non sans mal, le vampire. Avant de quitter Pottstown ensemble, l'homme appelé 'Mister' est contraint de décapiter le père de l'orphelin pour l'empêcher de muter à son tour en suceur de sang. Il apprend bientôt à son nouveau compagnon à manier le pieu afin de réussir à tuer les différentes générations d'adversaires qu'ils ne tarderont pas à croiser sur leur chemin vers le Nord. Un parcours évitant les dangereuses agglomérations au milieu d'un pays dévasté et chaotique, envahi par les vampires et gagné par le fanatisme sectaire. A Lafayetteville fortifié, l'épicier rapporte à Martin la rumeur selon laquelle le cannibalisme décimerait la ville canadienne de New Eden, destination choisie par 'Mister'. Peu après leur départ, ce dernier porte secours à une vieille religieuse violée par deux jeunes individus qu'il exécute sans hésitation. Le trio tombe le lendemain dans un piège tendu par Jebediah Loven, le chef illuminé de la prétendue chrétienne "Fraternité" et père de l'un des deux suppliciés. 'Mister' est livré les bras liés à quatre vampires, instrument proclamé du courroux divin et accessoirement du groupe religieux.
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Depuis le diptyque 28 Days Later-28 Weeks Later aux évidentes influences romériennes jusqu'à la série The Walking Dead, passant par la tardive sequel Land of the Dead et le remake I Am Legend(1), les mutations géniques et autres revenants ont à nouveau le vent en poupe. L'imaginatif duo Jim Mickle-Nick Damici a décidé de leur mettre, en sus, les crocs en proue. Le désormais chahuté mythe stokerien n'en est plus à une variation près. Stake Land s'apparente, certes lointainement et de manière bien plus joueuse, au "désincarné" et infiniment mieux doté The Road. Avoir apporté autant d'énergie, donné un tel et radical développement au film, à partir d'un budget aussi serré(2), constitue d'ailleurs un véritable tour de force. Enfin, faire du pire des maux le fanatisme pseudo sacré doublé d'un insensé prophétisme eschatologique (étonnante scène d'un inusité bombardement !) ne manque, somme toute, pas d'audace.
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1. auxquels on peut également ajouter Dawn of the Dead ou 30 Days of Night.
2. en partie trahi par sa structure épisodique et cloisonnée ainsi que par le recours irrégulier à la narration.

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