mardi 13 septembre 2011

Nihon chinbotsu (sinking of japan)


"Tout cela... va bien trop vite pour nous!"

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Le journalisme économique prédestine-t-il au catastrophisme ? C'est davantage sur l'extrême vulnérabilité géologique de l'archipel nippon(1) que repose "Nihon chinbotsu", le roman à succès de Sakyo Komatsu paru en 1973(2). S'il a vécu assez longtemps pour assister aux tragiques événements consécutifs au tremblement de terre du 11 mars dernier, l'écrivain, l'un des plus célèbres de science-fiction au Japon, nous a quitté(3) sans pouvoir observer, comme il le souhaitait, les répercussions durables de ce bouleversement traumatique sur son pays. Le sort de la ville d'Ishinomaki, quasiment rayée de la carte par le tsunami, illustrant à échelle réduite le récit qu'il avait imaginé près d'un demi-siècle plus tôt(4). Adapté une première fois au cinéma dès 1974 par Shiro Moritani pour la Toho(4) puis en manga, Nihon chinbotsu croise, de manière souvent impressionnante, les destins collectifs et individuels.
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Le tremblement de terre suivi d'une éruption volcanique dans la baie de Suruga constitue pour Eugène Cox le signe précurseur de l'engloutissement irréversible et presque total du Japon à l'horizon d'une cinquantaine d'années. Au cours d'une plongée en très grande profondeur effectuée sous l'île de Kinkasan, Yusuke Tadokoro, l'un des auditeurs de l'exposé présenté par le chercheur étasunien en géodésie au premier ministre Yamamoto et à ses collaborateurs, observe une très forte et inquiétante activité à l'intérieur des failles du plancher. Des études menées dans l'environnement immédiat et plus éloigné de l'archipel aboutissent à un délai d'immersion beaucoup plus bref : trois cent trente-huit jours (et 13 heures). Une cellule de crise est réunie autour du chef du gouvernement et de la ministre de la recherche nouvellement chargée de la prévention des catastrophes naturelles, Saori Takamori, épouse divorcée de Tadokoro. Les révélations et explications de celui-ci provoquent la stupeur mais aussi l'incrédulité. Avant d'être expulsé de la réunion en raison d'une vive altercation avec l'un des participants, Tadokoro détaille face à Yamamoto la séquence des terribles événements qui menacent la pays.
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Plus proche (et c'est tant mieux !) de la production coréenne Haeundae que du pseudo-mythique 2012 de Roland Emmerich, Nihon chinbotsu tient d'emblée à étayer son développement à partir d'éléments scientifiques crédibles et il y parvient assez bien. En revanche, les lecteurs de l'ouvrage éponyme ne retrouveront évidemment ni l'intéressante peinture du contexte politique et culturel des années 1970, ni ce flegme, cet étrange détachement avec lesquels Sakyo Komatsu narrait sa cataclysmique histoire. En tant que thriller d'action apocalyptique, à l'exception de quelques invraisemblances, le deuxième film de Shinji Higuchi(6) tient assez solidement la route (ou les flots !). Seules certaines transitions particulièrement abruptes et l'inévitable contrepoint sitmélodramatique viennent un peu plomber son... insubmersibilité.
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1. situé dans une zone de subduction de quatre plaques tectoniques à l'origine des multiples secousses telluriques et du plancher sous-marin dénombrées chaque année.
2. i.e. contemporain au Earthquake de Mark Robson produit en pleine "vague" du disaster movie. 3. l'auteur de Fukkatsu no hi est décédé le 26 juillet dernier.
4. son élaboration a en effet duré neuf ans.
5. avec l'excellent Tetsurô Tanba (acteur employé notamment par Masaki Kobayashi et Hideo Gosha, il tient ici son dernier - petit - rôle) en premier ministre Yamamoto, Keiju Kobayashi (l'espion de Tsubaki Sanjûrô) en prof. Tadokoro et le Canadien Lorne 'Bonanza' Greene en ambassadeur Warren Richards, personnage absent du remake.
6. resp. des effets spéciaux de Gamera daikaijû kuchu kessen.

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