mardi 20 septembre 2011

Kûki ningyô (air doll)


"... Mais il paraît qu'il en existe plein d'autres comme ça."

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Serveur dans un restaurant, Hideo partage son modeste appartement tokyoïte avec une poupée gonflable rebaptisée Nozomi dont il est très épris. Un matin, le jouet pour adulte s'anime après le départ de son propriétaire. Vêtue en soubrette, l'un des costumes dont l'affuble celui-ci, Nozomi part à la découverte de son environnement, mimant les passants et faisant l'apprentissage du langage. Engagée comme vendeuse dans un vidéoclub, elle tente de se rendre le plus utile possible auprès de son collègue Jun'ichi avant de rentrer chez Hideo, inconscient de la transformation de sa compagne d'intimité. Un soir, quelques jours avant le réveillon du nouvel an, Nozomi chute de l'escabeau sur lequel elle est juchée pour décorer la boutique et déchire le plastique de son bras en tentant de se rattraper. Jun'ichi, qui découvre alors la véritable nature de la jeune femme, colmate la coupure avec un ruban adhésif puis lui insuffle de l'air à l'aide de sa bouche.
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Tiré du seinen manga éponyme d'une vingtaine de pages de Yoshiie Gôda publié en 2000 dans un magazine spécialisé, Kûki ningyô ne possède aucun point commun avec les tentatives cinématographiques* présumées comparables qui l'ont précédé. Cette seconde pure fiction d'Hirokazu Kore-eda (après Maboroshi no hikari), sélectionnée il y a deux ans dans la section cannoise "Un Certain regard", déroute évidemment. Sous la trompeuse apparence d'un récit poético-initiatique, le cinéaste nippon obsédé par la mort développe en réalité une aride mais intéressante méta-physique du vide, de l'errance, de la sénescence et de la substitution. S'il ne révèle pas certains secrets de cette poupée, docile mais démodée créature de plaisir et de compagnie (image traditionnelle de la femme japonaise), mystérieusement dotée d'un cœur et de la plupart des autres personnages qui "hantent" ce drame, Kore-eda s'essaie à une délicate association entre souffle (humain) et âme. L'attente initiale et, avouons-le, persistante de voir Kûki ningyô sombrer dans le ridicule n'est jamais satisfaite, en particulier grâce à la stupéfiante composition de l'actrice sud-coréenne Doona Bae (Boksuneun naui geot, Gwoemul).
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*les médiocres Life-Size de Mark Rosman et Monique de Valérie Guignabodet ou encore Lars and the Real Girl, le plus convaincant premier film de Craig Gillespie.

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