lundi 4 juillet 2011

Man in the Wilderness (le convoi sauvage)


"... He's alive. I've known it all along. "

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Entre 1963 et 1968, Richard C. Sarafian tourne presque exclusivement pour la télévision. L'année suivante, il adapte le roman "The White Colt" de David Rook. Dans Run Wild, Run Free, son troisième film pour le cinéma(1), l'état sauvage, la nature et l'apprentissage tiennent un rôle essentiel. Sorti presque un an après le très motorisé Vanishing Point, Man in the Wilderness permet au cinéaste new-yorkais de développer à nouveau, sous un angle tout aussi dramatique mais différent, cette thématique complexe. Le scénario de Jack DeWitt (qui vient de signer, à partir d'une histoire de Dorothy M. Johnson, celui de A Man Called Horse déjà avec Richard Harris) s'inspire de l'éprouvant parcours suivi par le trappeur Hugh Glass en août-septembre 1823. Un film étrange, climatique, singulier.
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1820. Au terme d'une campagne de chasse qui a duré deux ans, le capitaine Henry et ses hommes tentent de rejoindre le fleuve avant l'hiver en traversant les territoires inexplorés du Nord-Ouest américain. Les peaux de castor voyagent dans la cale du voilier appartenant au chef d'expédition, monté sur des essieux et tiré par vingt-deux mules. A la recherche du cervidé blessé par le jeune Lowrie, l'éclaireur Zachary 'Zach' Bass subit l'attaque d'un grizzly, finalement abattu par quelques uns de ses compagnons. Très grièvement blessé, recousu superficiellement par le médecin du groupe bien qu'à l'article de la mort, Bass est abandonné sur place par Henry, lequel confie à Fogarty et à Lowrie le soin de l'enterrer, voire si nécessaire d'achever auparavant l'agonisant. Le lendemain matin, la présence d'un groupe d'Indiens Rickarees empêche les fossoyeurs d'ôter l'ultime et vivace souffle vital du moribond, lesquels décident de rejoindre sans plus attendre le convoi. Peu après, la proximité d'un loup provoque chez Bass le début d'une reprise de conscience.
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Une narration illustrée, étroitement influencée par des événements cruciaux de l'existence du personnage central évoqués en quelques flash-back. Man in the Wilderness fait en effet le récit d'une épreuve initiatique, douloureuse résurrection quasi mystique d'un individu jusque-là sans attache ni foi, obsédé par l'abandon et pour lequel naissance rimait forcément avec malheur. La sauvagerie soulignée par les titres relève aussi bien des décors traversés(2), des hommes-animaux qui les habitent que du caractère insensé des projets poursuivis par le capitaine Filmore Henry et celui qu'il considère, dans une relation presque trinitaire, comme son fils sacrifié, Zechariah (i.e. "Dieu se souvient"). Richard C. Sarafian ménage intelligemment les dimensions à la fois naturalistes et mythiques de cette histoire dominée par les figures tenues par le comédien irlandais Richard Harris et l'inclassable rebelle John Huston (respect. Cain et Noah dans The Bible: In the Beginning dirigé par le second).
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1. pour les deux premiers, Sarafian cumulait les fonctions de scénariste, producteur et réalisateur.
2. Les montagnes de l'Andalousie figurant le Nord des Etats-Unis (le Wyoming notamment).

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