jeudi 17 février 2011

Il Capo dei capi (corleone)


"... On va faire à ma façon."

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Depuis au moins les années 1930, les "grands" criminels (réels ou fictifs) ont régulièrement inspiré les scénarii de cinéma. De Little Caesar et Scarface à Gomorra en passant par Once Upon a Time in America ou GoodFellas sans oublier les rosiens Salvatore Giuliano et Lucky Luciano mais aussi évidemment la trilogie coppolienne The Godfather, ils ont le plus souvent donné lieu à des productions significatives, voire majeures. A l'exception notoire de l'étasunienne série The Sopranos, la télévision a montré nettement moins d'allant à l'égard de ces personnages bivalents, mauvais exemples sociaux susceptibles de faire naître chez un large (et mystifiable) public de contradictoires sentiments. L'ambitieuse(1) et assez remarquable adaptation de l'ouvrage Il Capo dei capi(2) paru en 2007 sous la signature des journalistes d'investigation Attilio Bolzoni et Giuseppe D'Avanzo (collaborateurs du quotidien "La Repubblica") vient en partie combler ce déficit.
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Produit par Pietro Valsecchi (Un Eroe borghese, Uno bianca, Paolo Borsellino), ce téléfilm en six parties narre (avec le détail que permettent dix heures de métrage) la trajectoire de Salvatore Totò Riina, "Capo di tutti i capi" (chef de tous les chefs) de Cosa Nostra, de sa miséreuse enfance, traumatisée et précocement responsabilisée par la mort accidentelle de ses père et frère aîné, à son arrestation en juin 1993. Sa progressive ascension au sein du système mafieux sicilien ainsi que la prédominance conquise par les Corleonesi au détriment des Palermitani constituent la partie principale d'un récit fondé sur l'antagonisme primordial qui opposait celui que l'on surnommait péjorativement 'u Cùrtu' ou 'La Bestia' au fictif policier Biagio Schiro. Cette opposition radicale (à la fois morale, psychologique et humaine également à travers leur rôle d'époux et de père), qui mute chez ce dernier en obsession quasi sacrificielle, alimente efficacement une dramaturgie déjà intense. L'ambigu puis meurtrier rapport de force engagé avec les partis politiques, en particulier la Démocratie chrétienne, avec les institutions de l'ordre public et avec l'Etat lui-même est plutôt bien illustré (malgré un tiers final surtout marqué par la répétitive mécanique des attentats).
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Belle prestation du local Claudio Gioè, dans un rôle(3) très éloigné de celui qu'il tenait dans la comédie Passato prossimo, du Romain Daniele Liotti et de l'ensemble d'un nombreux et solide casting dans lequel Andrea Tidona (partenaire du premier dans La Meglio gioventù et Paolo Borsellino) interprète le juge Giovanni Falcone. L'Ultimo padrino, réalisé l'année suivante par Marco Risi (le fils cadet de Dino), est enfin venu apporter un prolongement à Il Capo dei capi.

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1. dotée d'un budget d'environ 15M€.
2. "Il capo dei capi, vita e carriera criminale di Totò Riina".

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