dimanche 2 janvier 2011

Aladin et la lampe merveilleuse


"Sors-moi d'ici mon oncle, ensuite... je te donnerai la lampe."

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A l'aube du cinématographe, les courts métrages de fiction se nourrissaient volontiers de récits fantastiques ou légendaires. Dans le sillage du pionnier Méliès, le Français Albert Capellani avait été l'un des premiers à se saisir de l'Histoire d'Aladin, ou la lampe merveilleuse", conte populaire associé tardivement à celui des "Mille et une nuits"(1). Près d'un demi-siècle plus tard, l'Allemande Lotte Reiniger, réalisatrice de l'historique Die Abenteuer des Prinzen Achmed, en avait donné sa version(2). Suivie par Jean Image, jusque-là accaparé par la télévision. Ce troisième long métrage du Austro-hongrois de naissance constitue une œuvre importante dans l'histoire d'un genre dominé à cette époque par les Etats-Unis ou l'Europe de l'Est, au moment où se développaient irrésistiblement les productions nippones(3). Aladin et la lampe merveilleuse est aussi et surtout un formidable divertissement familial dont le souvenir ne s'estompe pas malgré les ans.
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Dans une salle secrète située dans la tête d'un sphinx égyptien, le grand magicien d'Afrique invoque le maître des ténèbres. Il souhaite connaître l'endroit où se trouve la lampe merveilleuse susceptible d'accroître encore ses fabuleux pouvoirs. La puissance occulte lui révèle qu'elle se trouve dans un lointain pays d'Orient, dans une petite ville, aux confins de la Chine, placée entre trois collines. Mais elle l'avertit également que seule la main innocente d'un enfant peut l'extraire des entrailles de la Terre. Le mage se met aussitôt en route, d'abord à dos de dromadaire puis en tapis volant. A peine arrivé, il reçoit au visage la balle lancée par un jeune garçon qui le prend pour son oncle. Nommé Aladin et fils du défunt Moustapha le tailleur, l'enfant n'est pas contredit par le magicien qui y voit une aubaine pour sa quête.
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Ce dernier lui donne une pièce d'or et s'invite pour le dîner préparé par la pauvre veuve de son prétendu frère. Il convainc celle-ci de lui confier Aladin pour effectuer le tour du monde. Le magicien commence par lui offrir un superbe vêtement, lui fait visiter, à condition de l'écouter et de ne toucher à rien, un prodigieux palais dans lequel se trouve le jardin des mille merveilles. Dans une faille rocheuse, il fait ensuite apparaître par sa sorcellerie des flammes d'où le maître des ténèbres lui donne ses dernières recommandations. Aladin pénètre alors dans une gigantesque grotte, au bas d'un escalier, dissimulée par une lourde dalle. Il découvre bientôt la lampe merveilleuse, protégée par d'effrayants dragons.
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Co-fondateur en 1959 du festival d'Annecy, Jean Image se lance dans Aladin et la lampe merveilleuse avec un enthousiasme qui transparaît nettement dans le film. La variante narrative qu'il propose avec son épouse, dans laquelle la possession et l'opulence occupe une place au moins aussi importante que les sentiments(4), apparaît assez représentative de cette période des Trente glorieuses finissante. La dimension initiatique est en outre moins marquée, Image privilégiant celles de la comédie et d'une certaine innocente allégresse. Le style d'animation a également changé, moins influencé par celui de Disney (elle s'exerce en revanche sur le contemporain Nagagutsu o haita neko). Grand succès au moment de sa sortie initiale, second film du cinéaste distribué par Paramount aux Etats-Unis, cet aimable représentant de l'animation artisanale possède un charme qui le font préférer à de nombreuses productions récentes issues de cette désormais industrie.
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1. comme d'ailleurs ceux de Sinbad et d'Ali Baba.
2. précédée par Ub Iwerks (Aladdin and The Wonderful Lamp), par Alfred E. Green (A Thousand and One Nights) avec Cornel Wilde dans le rôle-titre (en français) puis par Jack Kinney (1001 Arabian Nights produit par le "père" de Mister Magoo).
3. le remarquable Hakuja den est sorti douze ans plus tôt.
4. deux interprétations de "Avec une pièce d'or" contre une de "On est pauvre sans amour" et de "Aujourd'hui je me marie", chanson chantée par la princesse Badroulboudour. Le tout arbitré par "Ce qu'on est bien dans son bain" du magicien, reprise un peu plus tard par Henri Salvador.




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