lundi 1 novembre 2010

Seventh Heaven (l'heure suprême)


"Always look up!"

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Arrivé en 1912 à Hollywood, Frank Borzage débute comme accessoiriste, tenant parfois également quelques petits rôles. Devenu dès 1916 un réalisateur prolifique, il abandonne le métier d'acteur (avec plus d'une centaine de films au compteur) deux ans plus tard pour s'y consacrer pleinement. Humoresque, son premier grand succès, reçoit les louanges appuyées d'Eisenstein. C'est pourtant en passant de la Metro à la Fox pour Lazybones que Borzage va connaître sa période la plus faste sur le plan artistique. Notamment à travers une série de trois mélodrames réunissant le couple Janet 'Lolly' Gaynor-Charles Farrell(1), la première fois dans Seventh Heaven. En compétition avec Wings de William A. Wellman lors de la toute première édition des Academy Awards, le film reçut trois "Oscars"(2) majeurs sur cinq nominations. En 1995, il entra en prestigieuse compagnie(3) au National Film Registry.
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Les sœurs Vulmir vivent dans un quartier misérable à proximité de Montmartre. L'alcoolique Nana n'hésite pas à fouetter sauvagement sa cadette Diane pour l'obliger à l'abreuver grâce au produit de la vente d'objets dérobés. Interrogée sur leur honnêteté par leur riche oncle susceptible de les recueillir chez lui, celle-ci ne peut lui mentir malgré la torture infligée par l'aînée, compromettant ainsi la dernière chance d'échapper à leur dénuement. Hors d'elle, Nana pourchasse Diane dans la rue et tente de l'étrangler. Chico Robas, modeste égoutier, surgit in extremis et met l'agresseuse en fuite. Puis il empêche Diane de se suicider en utilisant son propre couteau, lui sauvant une seconde fois la vie. Le nouveau nettoyeur de rue et collègue de son voisin Gobin, averti de cette tant espérée affectation par le père Chevillon, évite ensuite à la jeune femme, injustement dénoncée par Nana, d'être emmenée au poste par un agent en la présentant comme son épouse. Pour attester en apparence ce statut au moment de la promise vérification policière, Chico l'emmène dans la pièce qu'il occupe au septième et dernier étage d'un humble immeuble.
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Ode au courage (souligné par le panneau en exergue), aux valeurs morales et à la foi, en particulier dans l'adversité, Seventh Heaven reste l'un des classiques du mélodrame muet. A l'image de The Dark Angel de George Fitzmaurice, sorti deux ans plus tôt, cette adaptation de la pièce d'Austin Strong(4) noue le drame sentimental autour d'une séparation liée à la guerre. Contrairement à lui, le couple se forme ici de manière accidentelle et progressive, accordant une place significative à un deus ex machina(5). Quelques épisodes comiques viennent également alléger une atmosphère à la gravité modérée. Un registre dans lequel on peut raisonnablement aussi ranger l'approximative reconstitution de l'épopée des taxis et de la première bataille de la Marne(6) assurée par John Ford. Influencé par le remarquable Sunrise de Murnau, Seventh Heaven est sans doute le plus achevé des films muets de Borzage sur le plan de la réalisation. Il bénéficie en outre de la qualité de la photographie d'Ernest Palmer et des décors d'Harry Oliver. Au cœur d'une distribution un peu bigarrée, les interprétations contrastées et à ce titre intéressantes des alors méconnus Janet Gaynor et Charles Farrell (préféré à John Gilbert) non pas été éclipsées par l'unique rencontre entre Simone Simon et James Stewart, réunis dix ans plus tard par Henry King pour la version produite par Darryl F. Zanuck.
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1. qui tourneront ensemble neuf autres films dont trois comédies dirigées par David Butler.
2. meilleurs réalisateur, adaptation et actrice principale (également pour Street Angel et Sunrise: A Song of Two Humans).
4. créée au Boothe Theater de Broadway le 30 octobre 1922 (et à l'affiche pendant plus de sept cents représentations). Mise en scène par John Golden, elle mettait en vedette Helen Menken et George Gaul dans les rôles principaux (repris en 1955 par Gloria DeHaven et Ricardo Montalban).
5. le film de Fitzmaurice fera d'ailleurs lui aussi l'objet d'une version parlante réalisée par Sidney Franklin.
6. en partie à l'aide de modèles réduits animés. Le scénariste Benjamin Glazer néglige à cette occasion plusieurs vérités historiques, parmi lesquelles le fait que les chauffeurs des six cents taxis reçurent les sommes affichées au compteur.

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