lundi 15 novembre 2010

Jeannot l'intrépide


"A juste titre réputée, Insect-ville est une petite cité par tous les insectes cités comme un modèle de cité."

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La plupart des enfants qui, au début des années 1960, regardaient et appréciaient les aventures "hyménoptères" de Joë ne savaient sans doute pas que le jeune héros de cette série télévisée avait été étroitement dérivé d'une autre créature de Jean Image. Le natif de Budapest, arrivé en France en 1934, avait en effet réalisé dix ans auparavant (et deux avant La Bergère et le Ramoneur adapté par Paul Grimault) ce Jeannot l'intrépide, premier long métrage d'animation français (en Technicolor). La parenté entre les deux personnages se révèle, il est vrai, aussi évidente que le penchant sans équivoque du cinéaste pour les insectes. Librement inspiré dans ses prémisses de l'un des plus célèbres contes populaires transcrits par Charles Perrault, le film a obtenu le "Grand prix du film pour l'enfance" lors de la 16e Mostra de Venise.
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Dans la tente qui les abrite à la nuit tombée, Jeannot fait la lecture du "Petit Poucet" à ses six camarades. Pour punir l'affreux ogre, les jeunes garçons décident aussitôt de traverser la forêt à la recherche de son château où ils arrivent après avoir surmonté leur peur des animaux nocturnes et jeté de petits cailloux blancs. L'antichambre de la forteresse est munie de plusieurs pièges mécaniques et les compagnons de Jeannot choient dans une cellule. Après avoir libéré le repas de l'ogre, constitué de divers animaux miniatures, Jeannot est à son tour happé par la machine réductrice et placé dans une cage qu'une pie va bientôt subtiliser. Au matin, Jeannot découvre, à proximité de l'arbre où l'oiseau a nidifié, Insect-ville. Il sauve sa population de l'appétit d'un caméléon qu'il met en fuite mais, prisonnier d'une toile d'araignées, il est sauvé in extremis des arachnides par un essaim d'abeilles et emmené jusqu'à leur ruche.
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Sorti quelques mois après Cinderella des studios Disney, Jeannot l'intrépide n'en possède évidemment pas les qualités graphiques et n'apparaît pas aussi abouti sur le plan de la technique d'animation. Le film d'ailes et de dard (en lieu de cape et d'épée) de Jean Image joue sur d'autres registres. Si la narration étonne par la nette rupture intervenant dès la dix-huitième minute du métrage, l'originalité et l'enthousiasme imaginatifs, l'audace que l'on peut aussi qualifier d'exubérance créative impressionnent fortement. Nous sommes entraînés dans un univers de résolue fantaisie, tout à la fois sous ses acceptions de fiction, de bizarrerie et de caprice. Jeannot l'intrépide constitue sans hésitation, entre le soviétique Novyy Gulliver et l'émergence de la production japonaise, une des œuvres significatives du cinéma d'animation.



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