dimanche 31 octobre 2010

Phenomena


"... Le papillon et l'âme, la psyché, du grec papillon, psukhê."

 - film - 1559_6
"Et si l'on se faisait une petite mixture ?" (dialogue fictif !) demande Dario Argento à Franco Ferrini (avec lequel il allait co-signer Dèmoni de Lamberto Bava). Pour cette première collaboration, les deux hommes aurait dû avoir à l'esprit les dangers sous-jacents de certains mélanges. En l'occurrence, réunir dans un seul et même scénario giallo et surnaturel déjà pratiqués séparément par le cinéaste romain. Disons-le franchement, l'idée initiale de Phenomena n'est pas mauvaise ; on peut aller jusqu'à lui reconnaître un véritable potentiel doublé d'une relative originalité. Mais le film semble venir illustrer le proverbe latin issu de la mythologie grecque : "multa cadunt inter calicem supremaque labra"(1). Et confirmer la perte d'inspiration d'Argento relevée depuis Inferno.
 - film - 1559_11
Dans les alpages zurichois, une jeune touriste rate le car qui devait la ramener en ville. En désespoir de cause, elle se dirige vers une maison en retrait de la route. L'endroit semble désert mais, à l'intérieur, quelque chose ou quelqu'un s'apprête à se libérer des chaînes qui le retiennent au mur. Des attaches bientôt utilisées pour tenter d'étrangler l'adolescente dont la main est ensuite transpercée par une lame de paire de ciseau. Celle-ci parvient à s'enfuir, rattrapée au bord d'une cascade, tuée et décapitée par l'inconnu qui emporte le reste du cadavre. Huit mois plus tard, la découverte de la tête permet à l'entomologiste, spécialiste de la faune nécrophage, John McGregor, sollicité une nouvelle fois par l'inspecteur Geiger, de dater le meurtre et d'identifier la victime, la danoise âgée de quatorze ans Vera Brandt. Au même moment, Jennifer, la fille de l'acteur Paul Corvino, arrive de Los Angeles à l'internat pour jeunes filles "Richard Wagner" où elle doit poursuivre sa scolarité. Au cours de la première nuit, la nouvelle pensionnaire, prise de somnambulisme, assiste à l'horrible meurtre d'une jeune étudiante dans la partie vétuste et condamnée de l'école. Puis, malmenée par deux jeunes hommes en automobile, elle finit par suivre la chimpanzé Inge chez son maître le professeur McGregor.
 - film - 1559_18
L'expression qui s'impose au terme de ce Phenomena est assurément "dommage". Les ressources les plus intéressantes n'y sont en effet jamais vraiment exploitées. Celle notamment d'une jeune héroïne qui développe une implicite complicité avec les insectes, découvrant incidemment qu'elle peut aussi devenir explicite et protectrice. En particulier lorsque ce ferment est associé aux thèmes de la folie, de la normalité, de la différence et de la stigmatisation. Des ressorts dramatiques gaspillés par le goût argentien pour le grand guignol horrifique, les impasses et autres fausses pistes (en Transylvanie suisse, y aurait-il des vampires ?). La narration poussive, sans réelles motivations et aux transitions laborieuses(2) ne "brille" que par ses invraisemblances ou auto-citations (vitre fracassée par le crâne d'une victime), à laquelle est associée une bande originale rock à la fois composite et décalée (l'évacuation de McGregor). Aux côtés de quelques parents et amis(3), la future oscarisée Jennifer Connelly fait le dur apprentissage du Septième art tandis que Donald Pleasence, un des acteurs fétiches de John Carpenter, Dalila Di Lazzaro et Patrick Bauchau jouent les utilités. Au fait, avez-vous des nouvelles de Greta ?
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1. i.e. il y a loin de la coupe aux lèvres.
2. une contre-publicité patente pour le Ligurien Franco Ferrini à l'occasion de sa deuxième expérience dans le thriller horrifique après Enigma rosso d'Alberto Negrin et qui, rappelons-le, faisait récemment partie du pool d'adaptation de Once Upon a Time in America... où apparaît, pour la première fois au cinéma, la jeune Jennifer Connelly !
3. Fiore Argento, demi-sœur aînée d'Asia, dans son éprouvant premier rôle, Federica Mastroianni, nièce de Marcello ou Fiorenza Tessari, fille de Duccio.

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