samedi 10 juillet 2010

Valhalla Rising (le guerrier silencieux)


"... That's where the real pain lies."

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Oubliez toutes vos références en matière de films médiévo-nordiques ! De Nicolas Winding Refn, nous n'attendons en effet pas qu'il nous narre, de façon académique, les aventures de Bjarni Herjulfson ou Leif Erickson(1). Présenté à la 66e Mostra et au dernier festival de Toronto, récompensé par deux prix à Fantasporto, Valhalla Rising ne ressemble à aucune autre production cinématographique destinée au grand public (à l'exception peut-être de 2001: A Space Odyssey de Kubrick ou d'Aguirre d'Herzog). Déconcertant mais également envoûtant, cet insolite récit nous entraîne dans un voyage étrange, aux confins de la Terre, des espoirs ou des illusions.
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Esclave depuis cinq ans de son maître actuel, chef d'une bande de Nordiques itinérants, un guerrier sans nom est engagé dans de lucratifs et mortels combats à main nue dont il est toujours sorti vainqueur. Grâce à une pointe de flèche trouvée dans un torrent, il parvient à tuer ses deux gardes, étripe un troisième homme puis décapite son détenteur. Malgré sa crainte, le jeune garçon chargé de l'abreuver se résout à le suivre d'abord à distance. Ils rencontrent bientôt un groupe de chrétiens qui retiennent quelques femmes dénudées après avoir brûlé les hommes d'un clan païen. L'un d'entre eux reconnaît en lui le notoire plus grand sauvage du Sutherland ; appelé à l'affronter, le fils du chef y renonce finalement. Invité à se présenter et à partager le repas, l'homme est baptisé One-eye par l'enfant, désireux de rentrer chez lui sans en connaître l'endroit. Le chef, en route pour mener sa croisade, leur propose de se joindre à eux. Le navire où ils ont embarqué est alors pris dans un dense et durable brouillard.
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Ni réellement didactique, ni véritablement esthétique, ni positivement récréatif, le cinéma de Nicolas Winding Refn suscite en général un inconfort qui ne mène souvent nulle part. Cela reste abstraitement vrai pour ce film aussi, mais le cinéaste danois parvient néanmoins ici à transcender cette particularité. Et à bousculer nos références, héroïques ou non (Richard Fleischer, Mario Bava, Jack Cardiff, Terry Jones, John McTiernan ou la trilogie de l'Islandais Hrafn Gunnlaugsson). Surprenant et original d'abord sur les plans visuel et sonore, ce Valhalla Rising, inspiré par une trouvaille archéologique et construit en six parties(2), déroute également par la rusticité et la brutalité de sa narration dans laquelle s'insèrent de curieuses visions prophétiques (en monochrome rouge). Remarquable prestation de Mads Mikkelsen (acteur des deux premiers volets de la trilogie Pusher) en personnage complexe, halluciné et mutique sur lequel repose l'histoire et le film. Cette étonnante exploration introspective, qui ne laisse assurément pas indifférent, vaut la peine d'être entreprise.
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1. découvreurs vikings de l'Amérique du Nord.
2. I. le courroux - II. le guerrier silencieux - III. les hommes de Dieu - IV. la Terre sainte - V. les enfers - VI. le sacrifice.

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