jeudi 1 juillet 2010

Libera, amore mio! (liberté, mon amour !)


"... Ce ne sera pas la fin de la révolution, mais le début."

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Pendant la période critique dite des "années de plomb" (1964-1980), la problématique du fascisme historique connaît un regain d'intérêt au cinéma. Elle voit notamment Bernardo Bertolucci et Vittorio De Sica adapter respectivement Il Conformista d'Alberto Moravia et Il Giardino dei Finzi-Contini de Giorgio Bassani, Federico Fellini signer l'autobiographique (comme l'indique son titre) Amarcord et Lina Wertmüller tourner le fantasque Film d'amore e d'anarchia.... A ce concert plutôt dissonant, Mauro Bolognini apporte sa partition personnelle, sorte d'opérette aux accents graves. Imaginé par Luciano Vincenzoni, collaborateur de Pietro Germi ou Sergio Leone, Libera, amore mio! s'apparente clairement à un hymne à la gloire de la femme et de la résistance inaltérable.
 - film - 20192_8
Enfant, Libera Amore Anarchia Valente avait assisté à l'arrestation par la police de Felice, son anarchiste de père, enfermé sur le toit de son immeuble avec une carabine. En ce 1er mai 1936, la jeune mère et ses deux enfants, Carlo et Anna, se sont vêtus de rouge par provocation. Libera porte assistance à un opposant frappé par la milice fasciste. Son concubin Matteo Zanoni, tailleur de profession, est alors convoqué par le préfet. La menace d'expulsion ne réfrène pourtant pas les ardeurs de sa compagne et la famille doit partir pour Livourne puis Modène. Pendant une visite rendue à son père en exil à Ustica, Libera fait la connaissance de Sandro Poggi, lequel éveille en elle un sentiment inusité. A son retour, elle résiste avec impertinence au cours d'un bal à Franco Testa, un cadre local du régime informé de ses antécédents. Lorsque Poggi se présente à son domicile, elle l'aide à se cacher et lui procure un passeport nécessaire pour passer en Espagne.
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"On trouve plus d'idées dans le fusil d'un brigand que dans la tête d'un démocrate !" Les maux de la démocratie italienne seraient-ils liés à son compromis fondateur ? Telle pourrait être, en substance, l'interrogation formulée par cette très prenante fresque familiale, cinquième et ultime production de Roberto Loyola (très éloignée de la précédente, Cani arrabbiati de Mario Bava). De même que certains épisodes de cette comédie dramatique se superposent (aux sens propre et figuré) aux événements historiques contemporains, le faux triangle sentimental de cette fiction trouve un révélateur écho dans celui constitué par le fascisme (ou son pendant, la passivité), l'anarchie et la démocratie. L'ambition didactique et artistique, pleinement assumée par Mauro Bolognini et ses scénaristes, atteint son objectif. Une réussite à laquelle l'éclatante et nuancée Claudia Cardinale, en Lucie Aubrac méridionale et jusqu'au-boutiste, contribue pour beaucoup aux côtés de solides seconds rôles, le Napolitain Bruno Cirino, le Sicilien Adolfo Celi, le Parisien Philippe Leroy et le Serbe Bekim Fehmiu récemment décédé.

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