samedi 17 juillet 2010

Erosu wa amaki kaori (le doux parfum d'eros)


"... Prêt à s'envoler."

 - film - 60409_2
Un homme cherche une adresse au milieu d'un ancien lotissement pavillonnaire situé en bordure d'aéroport. En l'absence de la modéliste Etsuko Yanagisawa, il attend son retour dans la niche du jardin. Lorsque, la nuit venue, la jeune femme arrive enfin, elle croit reconnaître la voix de Toshio dans l'aboiement qui l'interpelle. Il s'agit en réalité du photographe Koishi auquel elle aurait promis de poser lors d'une rencontre professionnelle. Le fantasque individu devient vite entreprenant et lui affirme qu'ils se seraient déjà connus intimement dans un studio de prise de vues. Après s'être opposé et avoir tenté de fuir les assauts brutaux de Koishi, Etsuko s'abandonne à lui.
 - film - 60409_4
Au matin, Koishi réussit à quitter la maison juste à temps pour éviter le policier annoncé sur le message laissé par Etsuko, l'intimant également de ne plus revenir. Un habitant récent du quartier invite peu après le photographe à boire un thé, lui montre des nus qu'il a réalisés et lui demande de développer discrètement pour lui une pellicule. Le soir, de retour chez Etsuko, Koishi doit se cacher quand deux amis de celle-ci, Yukié et Akira, décident de l'attendre dans son salon. Excité, Akira se monte rapidement pressant vis-à-vis de sa compagne. Koishi, dissimulé derrière un mannequin, essaie de les photographier avant d'être repéré. Il prétend alors être le frère d'Etsuko, bientôt démenti par cette dernière qui le présente comme son nouveau petit-ami.
 - film - 60409_8
Anticonformiste, volontiers provocateur et irrationnel, Erosu wa amaki kaori exprime avec légèreté une vivace douleur, ou, à tout le moins, un malaise en nous montrant, de façon microcosmique et métaphorique, un Japon(1) à la fois enthousiaste et désorienté de s'être récemment affranchi (d'une partie) de la tutelle étasunienne(2). Des sentiments et forces contradictoires (amour et haine, désir-répulsion, création-destruction, pulsions de vie et de mort) animent d'ailleurs le scénario co-signé par Atsushi Yamatoya (Showa onnamichi: Rashomon). Bien que passives, les femmes y tiennent les cordons de la bourse pendant que l'infantile gent masculine s'adonne au jeu et confectionne des images. Titulaire l'année précédente d'un second rôle dans le Ongaku de Yasuzo Masumura, Chôei Takahashi porte assez bien la fêlure parfois frénétique, de son personnage faussement domestiquée aux côtés de Kaori Momoi au début de sa carrière (elle venait de tourner son troisième film, Akai tori nigeta? avec Toshiya Fujita ; redécouverte grâce à Yôji Yamada puis reconnue chez Yoichi Higashi et Kurosawa) et d'Hiroko Isayama (Ichijo Sayuri: Nureta yokujo, Joshuu sasori: Dai-41 zakkyo-bô).
___
1. dans lequel Alain Delon était-il une icône adulée ou un homme-objet... asexué ?
2. le film prend pour décor une maison appartenant à un bloc d'habitations où étaient installés des soldats US avant leur départ consécutif notamment aux révoltes populaires d'Okinawa en 1972. Une représentation de la bannière étoilée apparaît à l'intérieur, celle du Hinomaru... sur la niche du chien. Il n'est peut-être pas non plus innocent qu'elle porte le n°P38 qui, rappelons-le, était dans le catalogue de l'industriel Walther, un pistolet à double action semi-automatique (remplaçant du Luger) fourni comme le modèle PP (rendu célèbre dans sa version compacte par James Bond) à l'armée allemande avant la Seconde Guerre mondiale.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire