lundi 5 juillet 2010

Captain from Castile (capitaine de castille)


"Repeat that vow, Pedro, as you hope for salvation, repeat it now!"

 - film - 43888_11
Les vingt dernières années, constituées d'environ le quart de sa production, sont sans doute les plus contrastées et paradoxales de la carrière d'Henry King. Ce pionnier du cinéma US (au même titre, par exemple, que Douglas Fairbanks ou Raoul Walsh), réalisateur emblématique de la Fox, dirige en effet au cours de cette période Wilson, ambitieuse production récompensée par cinq "Oscars" qui connaît néanmoins un lourd échec public, et deux de ses films les plus populaires, Twelve O'Clock High et The Gunfighter avec Gregory Peck en vedette. Dans ce contexte, Captain from Castile se montre plus conforme aux attentes à l'égard de ce type de récits d'aventure historique. Adapté par Lamar Trotti du roman éponyme de Samuel Shellabarger(1), le septième des onze films tournés par King avec Tyrone Power voyait Jean Peters, ex-Miss Ohio et future seconde épouse d'Howard Hughes, faire sa toute première apparition à l'écran.
 - film - 43888_17
Espagne, printemps 1518. Pedro de Vargas rencontre Diego de Silva accompagné de plusieurs hommes et de chiens à la poursuite d'un serviteur en fuite. Le fils du renommé Don Francisco s'associe à la recherche, choisissant d'aller vers le Nord, en direction de Sanlúcar où le fugitif pourrait embarquer. Lorsqu'il trouve l'homme en question, découvre qu'il s'agit de Coatl et apprend les raisons de son marronnage, Pedro décide de l'aider en lui donnant les quelques pièces en sa possession. Peu après, il croise à nouveau et porte assistance à Catana Pérez, la jeune employée de l'aubergiste Sancho López, aux prises avec deux molosses entrain de mettre en pièce une nappe, encouragés par deux des serviteurs de de Silva. A l'auberge où il l'a raccompagnée, Pedro fait la connaissance de Juan García de retour à Jaén après dix ans passés aux Indes. Le soir, de Silva rend visite à la famille de Vargas. Au cours de la conversation, Don Francisco lui révèle ne pas approuver le rôle de la ste-Hermandad dont de Silva est le chef suprême et, à ce titre, proche de l'inquisiteur général de Lorca. En rentrant chez lui d'un rendez-vous galant avec Luisa, la fille du marquis de Carvajal, Pedro est prévenu par Catana de l'arrestation de sa famille pour hérésie.
 - film - 43888_27
Tourné pour partie dans la région mexicaine du Michoacán(2), Captain from Castile surprend par sa structure narrative. Film héroïque (de cape et d'épée) centré autour d'un drame familial associé à une anecdotique intrigue sentimentale dans sa première partie, ce long (environ deux heures et quart) métrage prend ensuite la forme d'une glorieuse mais très vaguement historique évocation de la conquête du Mexique par Hernán Cortés. Une rupture d'ailleurs suffisamment marquée pour que Tyrone Power, à l'image de son personnage, y paraisse presque inféodé à son très bon partenaire Cesar Romero. Allusive pour ne pas dire schématique(3), cette chronique met, elle aussi, surtout l'accent sur certains aspects contradictoires du christianisme. Henry King, récemment converti au catholicisme, se complaît à souligner ces éléments du scénario, opposant en particulier l'horreur obscurantiste de l'inquisition à la vertu rédemptrice de la foi. Vedette de The Black Swan et bientôt opposé à Orson Welles dans Prince of Foxes du même auteur toujours adapté par King, Tyrone Power offre une interprétation académique mais solide. Moins convenue, l'étonnante prestation bivalente de Lee J. Cobb mérite à elle seule ce détour hispanique. Remplaçante de Linda Darnell, Jean Peters débute là une jolie quoique brève trajectoire qui la verra bientôt croiser Marlon Brando et Richard Widmark (resp. dans Viva Zapata! d'Elia Kazan et Pickup on South Street de Samuel Fuller) ou apparaître notamment dans Niagara et Broken Lance.
___
1. dont les droits furent acquis par Darryl F. Zanuck en décembre 1944, soit avant sa parution.
2. choisie en raison de l'éruption du volcan Paricutín, visible dans la seconde partie, sensée rappeler celle du Popocatépetl, plus au Sud, contemporaine de l'expédition d'H. Cortés. Les laves du Paricutín ont enseveli le village de San Juan Parangaricutirimícuaro sauf le clocher, qui apparaît dans Garden of Evil d'Henry Hathaway.
3. les erreurs, oublis et raccourcis sont nombreux, à commencer par l'épisode de la destruction des navires ou le gigantesque massacre de Cholulu.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire