samedi 19 juin 2010

Suddenly (je dois tuer)


"Booth? I'm no actor!"

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Réputé pour avoir été* le dernier film vu par Lee Harvey Oswald quelques jours avant l'assassinat du président John F. Kennedy en novembre 1963, Suddenly produit par Robert Bassler (The Snake Pit, Thieves' Highway...) reste l'un des plus efficaces polars de cette décennie. Signé par Richard Sale (auteur également du drame naufragé Seven Waves Away, son dernier film réalisé pour le cinéma), le scénario original s'inscrit d'ailleurs dans l'esprit de ces film-noirs, à la brutalité manifeste, produits juste après la guerre. Une impression renforcée par la sécheresse documentaire de la mise en scène confiée à Lewis Allen (très actif pour la télévision auquel on doit aussi entre autres The Uninvited, The Imperfect Lady, So Evil My Love, tous trois avec Ray Milland).
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Dans la rue principale de la petite et désormais paisible localité californienne de Suddenly, le shérif Tod Shaw retrouve Pidge, le fils d'Ellen. La jeune veuve d'un soldat tué trois ans plus tôt au combat repousse une nouvelle fois les avances de l'officier élu. A treize heures, le préposé aux télécommunication Ed Lawson fait appeler Shaw en urgence. Un train spécial, transportant le président du pays en route pour le ranch de White Springs, doit en effet arriver quatre heures plus tard. Des renforts de la ville voisine de Wetherby arrivent bientôt, précédés par un groupe de cinq agents services secrets dirigé par Dave Carney et chargé de sécuriser le secteur. Celui-ci apprend avec surprise que la maison située en surplomb de la gare qu'il va devoir vérifier appartient à Peter 'Bob' Benson, son ancien patron. Ce dernier est aussi le beau-père d'Ellen et le grand-père de Pidge. Les Benson reçoit peu après la visite de John Baron, qui se présente comme un agent du FBI, accompagné de Bart Wheeler et Benny Conklin. Décidé à assassiner le président, l'individu retient la famille chez elle.
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L'intrigue simple, parfaitement linéaire imaginée par Richard Sale, très distincte de celle du prochain The Desperate Hours de William Wyler, fait preuve d'une étonnante efficacité. Le script livre toutefois quelques pistes (achat précoce d'un revolver pour enfant, tentative très électrique de bricolage d'un poste de télévision) susceptibles de permettre au spectateur d'entrevoir de possibles résolutions à la tension dramatique. Récompensé par un "Golden Globe" et un "Oscar" pour son second rôle du soldat Angelo Maggio dans From Here to Eternity de Zinnemann, Frank Sinatra éclipse ici la totalité de ses partenaires par une surprenante prestation à tonalité psychotique. Une interprétation remarquable qui annonce celles dans The Man with the Golden Arm de Preminger puis dans The Manchurian Candidate de Frankenheimer au sujet connexe. Même le capé Sterling Hayden, à l'affiche de six films en cette année 1954 (parmi lesquels Johnny Guitar) et son antagoniste pour cette unique occasion, semble cantonné à un rôle de soutien.
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*une information apparemment démentie, le meurtrier officiel du 35e président US ayant semble-t-il regardé à deux reprises We Were Strangers de John Huston.


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