vendredi 25 juin 2010

Katalin Varga


"Pourquoi tu n'as pas dit 'papa' ?"

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En compétition pour l'"Ours d'or" de la 59e Berlinale, Katalin Varga tranche singulièrement avec l'habituelle production européenne. Débuté en avril 2004, le tout premier film du Britannique Peter Strickland a, pour des raisons budgétaires, connu une gestation difficile, achevé plus de quatre ans après sa mise en chantier. Tourné avec des acteurs inconnus (à l'exception de László Mátray et Tibor Pálffy) au cœur de la mythique Transylvanie, ce drame intime, à la fois classique et insolite, possède d'évidentes résonances tarkovskiennes qui méritent assurément d'être entendues. Katalin Varga a succédé en décembre 2009 à Hunger de Steve McQueen au palmarès de la "Découverte européenne de l'année" des European Film Awards.
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Son époux Zsigmond Varga et tout le village de Visrek connaissent à présent le secret de Katalin, uniquement confié à son amie Zsuzsa. Onze ans plus tôt, la jeune femme avait été violée par un individu, le véritable père de son fils Orbán. Renvoyée de son foyer, elle part avec celui-ci prétendument pour rendre visite à sa vieille mère malade. En réalité, elle se rend à Jadszereda ; Katalin y retrouve Gergely, le témoin de son outrage. Faisant mine de se laisser séduire, elle obtient l'information souhaitée, l'endroit où s'est installé son agresseur Antal Borlán, avant de tuer à coup de pierre l'odieux mari infidèle. Une fillette l'aperçoit cependant au moment de dissimuler le cadavre dans la forêt.
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Profondément ancré dans la nature et pourtant exhalant des humeurs onirico-fantastiques, le presque intemporel Katalin Varga développe avec un judicieux dépouillement, sans compromis, des thèmes ancestraux et universels (vengeance, justice, pardon). Confrontée malgré elle au souvenir de sa douleur, le personnage-titre ne voit d'autre issue que de la re-vivre avec une sorte d'heureuse résignation. Dès le premier tiers du métrage jusqu'au final, bien et mal se confondent et s'annulent, abandonnant le spectateur en insidieuse suspension. Il faut, bien sûr, souligner l'interprétation de la comédienne roumaine Hilda Péter dans sa première apparition au cinéma et les saisissantes bandes musicale (qui évoque parfois celle d'Aguirre) et son, cette dernière récompensée à Berlin.




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