dimanche 27 juin 2010

Day of the Outlaw (la chevauchée des bannis)


"Your position is hardly a tactical one."

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Dernier et sans doute meilleur des douze western réalisés par André De Toth, Day of the Outlaw adapte un roman de l'auteur de Pulp Tales Lee E. Wells. Produit par Sidney Harmon (The Big Combo, Men in War...), ce film à petit budget tourné autour du Mount Bachelor (Oregon) se situe néanmoins à l'antipode des productions du genre de cette décennie finissante(1). Signé par Philip Yordan, oscarisé pour Broken Lance après deux nominations, l'âpre, cinglant scénario brouille sciemment les repères moraux et topographiques conventionnels. Une ambiguïté admirablement incarnée par Robert Ryan et Burl Ives (Sam le shérif d'East of Eden, le chef de clan Rufus Hannassey dans The Big Country) réunis au cinéma pour cette unique occasion.
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Alors qu'un très rigoureux hiver commence à décliner sur le Wyoming, Blaise Starrett et son employé Dan arrivent dans le petite localité de Bitters. Bien décidé à mettre le feu aux barbelés achetés à Vic par le fermier Hal Crane, l'éleveur n'hésitera pas abattre l'époux d'Helen, la femme qu'il a aimée, s'il tente de l'en empêcher. Celle-ci propose en vain à Starrett de quitter son mari pour le suivre s'il épargne ce dernier. Au moment précis où les deux adversaires se font face, le capitaine Jack Bruhn et ses cinq hommes pénètrent dans le saloon. La bande, poursuivie par la cavalerie pour avoir dérobé la solde de l'armée, saisit les armes et retient la population. L'ancien officier, après avoir interdit à ses complices de consommer de l'alcool et de se distraire en compagnie des quatre femmes du hameau, force le vétérinaire à lui retirer une balle du thorax.
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Crépusculaire avant l'heure, presque désabusé, Day of the Outlaw mérite assurément plusieurs louanges. D'abord pour la complexe simplicité (ou l'inverse, un paradoxe ?) du récit, la richesse narrative des thèmes qui s'y croisent (propriété et rivalité, isolement et alliance, (im)moralité et sacrifice) et de la psychologie des différents personnages. La virulence de tension charnelle lors de la "mécanique" scène de bal surpasse celle, beaucoup plus explicite, d'autres films de cette époque, voire plus tardifs. Ensuite grâce à l'énergique efficacité de la réalisation, opérée en noir et blanc (quand la couleur s'imposait au cinéma) par l'ex-époux de Veronica Lake associé au "spécialiste" Russell Harlan en milieu hiémal, rare dans le western(2). En particulier le soin évident apporté à la composition du cadre. Enfin pour la qualité des interprétations, rôles principaux bien sûr, à l'exception de la prestation décevante de Tina Louise, récent meilleur espoir féminin aux Golden Globes(3) et partenaire de Robert Ryan dans God's Little Acre sorti l'année précédente, mais aussi de soutien (notamment Jack Lambert et Alan Marshal). Sans omettre de signaler le score, lent et solennel comme une marche funèbre, d'Alexander Courage.
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1. The Horse Soldiers de Ford et Rio Bravo d'Hawks sont sortis la même année.
2. saison des Track of the Cat, The Tall Men, Will Penny ou McCabe & Mrs. Miller sans oublier le très bon (mais italien) Il Grande silenzio de Sergio Corbucci.
3. titre partagé avec Linda Cristal et Susan Kohner.




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