vendredi 7 mai 2010

Les Derniers jours du monde


"Suivre une femme ne mène pas forcément en enfer."

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Depuis Fin d'été, les frères Larrieu nous avaient habitué, au rythme d'une tous les trois ans, à leurs insolites pérégrinations géographiques et sentimentales. Avec Les Derniers jours du monde, cette tradition est désormais rompue. Sorti seulement treize mois après Le Voyage aux Pyrénées (aussi produit par Bruno Pésery, collaborateur notamment d'Alain Resnais), ce cinquième long métrage de fiction constitue en effet également la toute première adaptation de leur carrière. Tiré du roman éponyme(1) ainsi que d'"Amour noir" (1997) signés par le professeur de philosophie(2) Dominique Noguez, cette comédie dramatique a obtenu deux prix(3) au 42e Festival du film fantastique de Catalogne (Sitges)
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Mercredi 4 juillet. Ancien enseignant de géographie et amputé de l'avant-bras droit, Robinson Laborde passe l'été dans son appartement de Biarritz. Dans le contexte de pénurie sévère de papier, la libraire Ombeline Ribot lui propose d'utiliser les pages vierges d'un livre de recettes pour le texte qu'il souhaite rédiger. En regardant la plage, déserte à l'exception des quelques agents de décontamination, il se remémore les vacances passées l'année précédente au même endroit avec son épouse Chloé et sa fille Mélanie. Robinson y avait remarqué une jeune et brune inconnue, revue le soir et suivie avant de la perdre. Celle-ci l'avait ensuite rejoint, nue, dans son voilier, début d'une aventure adultéro-charnelle avec Laëtitia dite 'Lae' et l'occasion pour l'endeuillé de ses parents, récemment disparus en mer, de mettre un terme à son traitement psychanalytique. Malgré un tour moins idyllique pris par sa relation avec 'Lae', Robinson avait avoué un matin son infidélité à Chloé, laquelle lui annonçait alors avoir également rencontré quelqu'un. Lorsque l'évacuation de la côte Atlantique est ordonnée, Robinson décide de quitter Biarritz pour tenter de rejoindre Mélanie à Bilbao.
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Dans le filon eschatologique exploité avec régularité (entêtement ?) par le cinéma, Les Derniers jours du monde se situe fort heureusement dans une veine bien différence de celles irriguant The Invasion ou The Happening. Pour ceux qui connaissent Dominique Noguez, grand amateur d'extravagance, cela n'a évidemment rien d'étonnant. Mais ce chaotique (un truisme !) road-movie, atmosphérique au point d'en devenir presque abstrait et aux "vertus méta-physiques" toutes relatives, déroute néanmoins singulièrement. De retour dans l'univers des Larrieu, Mathieu Amalric met utilement ses paradoxales réserve et propension à l'impudeur au service de son personnage. Le reste de la distribution se montre dans l'ensemble moins à son aise, donc moins convaincant.
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1. publié en 1991, sa gestation a duré vingt ans.
2. auteur d'essais sur le cinéma, proche de Marguerite Duras et humoriste à ses heures.
3. meilleur film fantastique (ex-aequo avec la production grecque Kynodontas) du jury Carnet Jove et "Prix Jose Luis Guarner de la critique".

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