jeudi 22 avril 2010

The Most Dangerous Game (les chasses du comte zaroff)


"Perhaps, but would you change places with the tiger?"

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Loué par au moins trois générations de cinéphiles, The Most Dangerous Game ne figure pourtant toujours pas, contrairement à King Kong admis en 1991, au National Film Registry. Son importance culturelle, historique ou esthétique lui serait-elle contestée ? L'influence de cet unique film du duo Ernest B. Schoedsack-Irving Pichel, acteur puis à cette occasion devenu également réalisateur, ainsi que son statut de classique du cinéma (tout court et de genre) ne fait depuis longtemps de doute pour personne. Librement adaptée d'un court récit du précoce(1) journaliste-écrivain Richard Connell(2) publié dans le "Collier's Weekly" de New York en janvier 1924, cette production RKO reste comme l'une des plus emblématiques de la période précédant l'arrivée de Val Lewton au sein du studio indépendant.
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Le capitaine d'un yacht naviguant dans le Pacifique, inquiet du décalage des balises permettant de longer sans risque Brank Island, demande sans succès au propriétaire de changer de cap. Le bateau heurte bientôt les récifs. Seul rescapé de l'explosion et des requins, le chasseur professionnel Robert Rainsford parvient à atteindre le rivage de l'île. Au cours de sa marche à travers la végétation, il aperçoit la silhouette d'une petite forteresse où il est d'abord reçu par un impressionnant Cosaque muet puis par le comte Zaroff, le maître des lieux. Après avoir changé de vêtements, Rainsford est présenté à Eve Trowbridge et à son frère Martin, eux aussi victimes d'un récent naufrage. Pendant la conversation, Zaroff, passionné comme son nouvel invité de fortune par la chasse, déclare avoir trouvé sur l'île, mais sans le nommer, le plus dangereux des gibiers. En aparté, Eve ne peut dissimuler son inquiétude à la suite de la disparition des deux matelots qui les accompagnaient, conviés par leur hôte à découvrir sa salle des trophées gardée secrète et à participer à sa récréative prédation.
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Sol#-Fa, deux notes jouées au cor qui annoncent, ou rappellent par ce simple raccourci sonore à ceux qui l'ont déjà vu, un remarquable drame en trois actes (piégeage, "giboyage", traque). Probablement inspirée par la vogue des safaris au cours des années 1920, l'intrigue de The Most Dangerous Game est puissamment resserrée, impressionnante à l'écran sans requérir de complexes et coûteux effets spéciaux. Certes aujourd'hui manifestement datée, la réalisation conserve l'essentiel de son impact visuel (le saisissant zoom sur le visage du comte du sommet de l'escalier en est un bon exemple). Pour son deuxième rôle au cinéma, le Britannique Leslie Banks incarne "à merveille" cet aristocrate cultivé et raffiné(3), obsédé (à la folie ?) par une cynégétique réformée. Prototype prémonitoire d'une nouvelle meute de barbares plus que symbole de l'antagoniste russe. Vedette du western, Joel McCrea est investi de la rude tâche de rassurer le public aux côtés de la Canadienne Fay Wray (dont le personnage n'existe pas dans la nouvelle), future interprète principale d'Ann Darrow entre les pattes de King Kong, avec laquelle il partagera une seconde fois l'affiche dans la comédie romantique The Richest Girl in the World. Outre quelques remakes, parmi lesquels A Game of Death de Robert Wise, The Most Dangerous Game n'a enfin jamais cessé d'exercer une influence sur de très nombreux et variés scénarii.
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1. qui couvrait, dès l'âge de dix ans, des matchs de base-ball pour le journal local édité par son père.
2. nommé en 1942 (Meet John Doe) et 1945 (Two Girls and a Sailor) aux Academy Awards.
3. auquel Orson Welles prêtera sa voix pour une pièce radiophonique diffusée à partir de 1943.

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