mardi 27 avril 2010

Hi, Mom!


"... The successful acts of sabotage would be carried out by single individuals."

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Quoique séparé par The Wedding Party, tourné en 1963 mais diffusé six ans plus tard, Hi, Mom! fait suite à Greetings, tous deux produits et co-écrits par Charles Hirsch. Cette comédie satirique, composite mais cohérente, ne cherche évidemment pas à dissimuler sa dimension sociale, voire politique. Sorti huit mois avant Love Story et bien moins populaire que le drame romantique d'Arthur Hiller, le cinquième long métrage de Brian De Palma provoque la collision-collusion entre une narration presque classique et un étrange happening militant en quatre actes. Centré autour du personnage interprété par Robert De Niro, Hi, Mom! se montre également plus éloquent que le précédent à propos du style et des obsessions (voyeurisme, culpabilité, influence des médias) du cinéaste.
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Une fois installé dans un logement délabré d'un immeuble de Greenwich Village, Jon Rubin expose son projet à Joe Banner, producteur de films pornographiques. L'idée consistant à filmer à leur insu les résidents du bâtiment en face du sien lui permet d'obtenir un budget de deux milles dollars et une camera munie d'un téléobjectif. Parmi ses acteurs involontaires, Rubin remarque une jeune femme, régulièrement laissée seule par ses deux colocataires lorsqu'elles sortent avec leur petit-ami. Il se présente à son appartement, prétextant avoir rendez-vous avec elle par l'intermédiaire d'un service payant de rencontres. Judy Bishop affirme ne pas être la bonne personne mais accepte d'accompagner Rubin au cinéma.
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Si Hi, Mom! est avant tout une œuvre personnelle et originale, l'influence du contexte national ne doit pas être négligée. A partir de 1966, le mouvement des droits civiques, au sein duquel s'opposaient Malcom X et Martin Luther King Jr. (resp. assassinés en 1965 et 1968), se radicalise avec l'émergence du Black Power Movement. Près de la moitié des familles afro-américaines sont alors officiellement pauvres. Dans le même temps, les manifestations contre la guerre du Viêt-nam s'amplifient. Sur le ton de l'humour, l'irrévérencieux film de Brian De Palma laisse percevoir ce délabrement social tout en stigmatisant la mythomanie ambiante. La séquence de théâtre expérimental ("Be Black, Baby"), proche du thriller horrifique dans laquelle Blancs et Noirs échangent leur rôle, frappe les esprits, soulignant le caractère manipulateur de la mise en scène et de l'image. Hi, Mom! est sans doute la meilleure production du cinéaste au cours de cette période.

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