Come Back, Africa

"... But if people can label you, they label you easily."

1959. Venant du Zoulouland où il a laissé sa famille, Zacharia Mgabi a été recruté pour un contrat provisoire dans un centre d'extraction de la région de Johannesburg. Une fois son engagement terminé, heureux titulaire d'un permis de travail et de résidence, il entre comme domestique au service du couple Mthombeni. Mais lassée par l'inexpérience et l'indolence parfois alcoolique de son nouvel employé, la maîtresse de maison le renvoie assez vite. L'embauche dans le garage de son ami Eddy ne dure pas beaucoup plus longtemps. Lorsqu'il rentre chez son autre camarade Steve qui l'héberge, Zacharia a la surprise d'y découvrir son épouse Vinah, arrivée de la campagne en compagnie de leurs deux enfants.

Lorsque Lionel Rogosin tourne enfin (sans autorisation des autorités locales) Come Back, Africa, l'apartheid ("vivre à part" en afrikaans) est instaurée en Afrique du Sud depuis une dizaine d'années. Une politique ségrégationniste renforcée en 1958 par le remplacement de l'idéologie du baasskap ("domination du maître") par celle de développement séparé, avec notamment la création de bantoustans (régions plus ou moins autonomes réservées aux populations noires). Dans ce contexte, le film un peu répétitif, décousu et périodiquement ponctué de scènes de rues, s'apparente davantage à un drame ethnico-climatique qu'à un solide réquisitoire contre le régime alors dirigé par Hendrik Verwoerd(1). L'intérêt principal de Come Back, Africa consiste à évoquer les relatives divergences de points de vue exprimées ou tensions au sein même de la composite communauté indigène. Quelques mois seulement après sa sélection à la 24e Mostra(2) se déroulait le massacre de Sharpeville(3), prélude à l'interdiction des mouvements nationalistes africains et à l'option de la lutte armée prise par l'Umkhonto we Sizwe dont l'un des chefs était Nelson Mandela.

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1. ancien ministre des affaires indigènes du gouvernement de Daniel Malan chargé de mettre en place la législation de l'apartheid que Verwoerd définissait comme un système de bon voisinage. En 1955, il est à l'origine de l'expulsion de 80 000 Noirs des quartiers de Sophiatown (renommé Triomf), Martindale et Newclare vers le nouveau township de Soweto.

2. où il succédait au Das Mädchen Rosemarie de Rolf Thiele au palmarès du "Prix de la critique italienne".

3. perpétué par des policiers de ce township sur des manifestants pacifistes opposés au port obligatoire du passeport intérieur.